lundi 1 novembre 2010

L'Eiger : dans les entrailles de l'Ogre

Weekend de la Toussaint en Suisse

Participants :
- Eric Frézal,
- Stéphane Noll et Emmanuel Belut (USAN)
- Anne-Claire et Boris Sargos (Vulcain)


Fidèles à notre tradition, Stéphane, Manu et moi nous rendons pour le weekend de la Toussaint dans  l'Oberland bernois pour notre habituel pèlerinage de canyon glaciaire. Eric Frézal nous rejoint avec son  camion aménagé. Nous nous retrouvons ainsi à Lauterbrunnen le vendredi soir dans notre gîte préféré, le  Valley Hostel. Par rapport à l'an dernier à la même époque, les températures sont douces. Nous craignons  alors un niveau d'englacement trop faible, rendant les canyons impraticables. Mais nous verrons bien demain.

- Samedi 29 : nous sortons du lit assez tard (vers 9h). Après un copieux petit déjeuner, nous partons vers 10h30 avec comme objectif de descendre le canyon ouvert par Manu trois semaines auparavant et terminer son ouverture. L'accès au canyon est déjà par lui-même une aventure. Ainsi, après une demi-heure de voiture, nous arrivons à la gare de Grindelwald où le temps de nous préparer, le train nous passe sous le nez. Nous attendons donc une heure dans le hall le train suivant, en combinaison néoprène, sous le regard incrédule des voyageurs Suisses.
Le train arrive pile à l'heure, comme on peut s'y attendre en Suisse. En un court quart d'heure, il avale la raide montée nous menant au village d'Alpiglen où nous descendons. A peine sortis du train, nous levons les yeux et contemplons le colosse qui se dresse subitement devant nous : l'Eiger, du haut de ses 3970 mètres, s'impose majestueusement. Situés au pied du versant Nord, nous cessons de contempler cette impressionnante falaise et empruntons rapidement un sentier qui semble vouloir se mesurer à cet ogre géant. Car l'heure tourne et nous avons déjà pris du retard.
L'épaisseur de la neige est plus importante que prévu et peu à peu notre excitation fait place à l'inquiétude. Le chemin de randonnée se perd rapidement sous la neige et Manu doit rassembler ses souvenirs pour faire la trace devant nous. Dans ces conditions, le canyon, pourtant proche de nous, est difficilement visible. Aucun bruit d'écoulement d'eau ne se fait entendre. Ce n'est d'ailleurs qu'à quelques centaines de mètres de lui que nous nous rendons compte que ses grandes cascades sont en glace. Finalement, après une marche devenue de plus en plus pénible (nous avons dû chausser les crampons), nous décidons de démarrer la descente là où Manu l'avait démarrée trois semaines plus tôt, abandonnant ainsi l'idée d'ouvrir la partie amont, trop en glace. Nous ignorons à cet instant si le canyon est praticable et redoutons les barrages de neige et de glace. Cependant, Manu nous rassure en nous informant que ce canyon très étroit comporte plusieurs échappatoires et que l'encaissement n'est jamais supérieur à cinq mètres. Nous nous engageons donc dans un méandre étroit, dont le plancher semble n'être fait que de glace. Les bords sont couverts de neige, et de grosses stalactites nous menacent de toute leur hauteur. L'épaisseur de la glace est somme toute assez faible et celle-ci se brise généralement facilement sous notre poids. Le tapis blanc fait donc souvent place à une vasque d'eau froide dans laquelle flottent de nombreux glaçons. Nous avançons finalement dans ce que nous avons appelé du "Mister Freeze", mélange d'eau et de glace, où la progression est très pénible. La sortie de certaines vasques est sportive et nos contorsions pour nous hisser sur la berge ne sont pas sans rappeler les otaries de cirque. Les crampons ne sont pas inutiles pour tenir sur les parties qui ne se cassent pas sous nos pas, et dans les cascades de glace que nous descendons délicatement en rappel.
Au bout d'une heure pendant laquelle nous n'avons avancé que d'une petite centaine de mètres, nous arrivons à la première des deux grandes cascades (une trentaine de mètres). Le panorama est sublime. Nous dominons toute la vallée. Alors que face à nous les couleurs d'automne contrastent avec la blancheur des pistes de ski, nous devinons un peu en-dessous de nous, à travers ce manteau blanc, l'entaille sombre que forme notre canyon, tel un serpent géant glissant sur la neige.
La cascade que nous descendons coule contre une énorme colonne de glace de plus de deux mètres de diamètre. A son pied, le canyon s'élargit et nous offre l'opportunité de sortir afin d'éviter la partie qui suit, trop encombrée de neige. C'est ce que nous décidons de faire. Nous coupons ainsi avec plus ou moins de facilité à travers les pentes de l'Eiger et regagnons le canyon au niveau d'une passerelle.
Le défilé rocheux se resserre de plus en plus et il y a de moins en moins de neige (mais un peu plus d'eau). Nous commençons à percevoir la véritable esthétique de ce canyon. La progression est plus aisée, mais nous n'arrivons qu'à 17h à la deuxième passerelle, endroit où Manu avait stoppé sa progression lors de son ouverture. Le dernier train à redescendre sur Grindelwald part dans quarante minutes et il nous reste la partie basse à ouvrir. Nous décidons de poursuivre l'ouverture, quitte à redescendre à pieds les huit cents mètres de dénivelé qui nous séparent de notre véhicule.
Eric sort son perfo, et nous partons vers l'inconnu ... A cette altitude il n'y a plus de neige et le niveau d'eau a bien monté. Et le canyon s'encaisse encore plus. Nous devons enlever nos sacs à plusieurs endroits pour pouvoir passer tant les parois sont rapprochées. La roche s'emballe et se contorsionne en des formes dignes de sculptures modernes. La faible clarté de ce monde quasi souterrain rend ces formes encore plus incroyables. L'eau du glacier devient magnifique. Le canyon n'en finit pas de nous surprendre par la continuité de son encaissement. Nous sommes dans un autre monde ...
Puis, une petite heure plus tard, nous apercevons les premiers arbres. La fin n'est pas loin. Aussi curieux que cela puisse paraître, le canyon s'ouvre soudainement, puis plus rien. Plus d'encaissement, plus de canyon. Nous prenons un balcon en rive gauche et traversons une sapinière pour quitter le talweg. Un dernier regard derrière nous nous fait entrevoir une fine entaille dans un bout de falaise. L'idée de savoir que nous sommes les seuls à savoir que cette faille se prolonge en un magnifique méandre taillé dans une roche folle nous fait frissonner de satisfaction et de joie.
Nous rejoignons la route en une demi-heure. En même temps que la nuit tombe, se lève un violent vent de Fœhn. Une heure et demie de marche sur le goudron nous amènent à la voiture. Nous sommes au gîte une heure plus tard où nous préparons des pâtes et du "vinaigre aux tomates".

TPEC : 4h30

- Dimanche 30 : parmi les beaux canyons du secteur, il y a Rosenlaui. Ce canyon étant très peu parcouru (une ou deux équipes par an), nous avons peu d'infos sur la descente. Mais nous connaissons le secteur pour l'avoir repéré au courant de l'été 2009. Nous quittons le gîte après un copieux déjeuner en compagnie de coréens (et de leur soupe aux choux). Nous sommes sur le site vers 11h. Une demi-heure de marche sous un vent à décorner un bœuf  nous amène au départ du canyon, quelques centaines de mètres en-dessous d'un magnifique glacier. Pour nous habiller, nous tentons vainement de nous abriter du vent derrière un gros rocher.
Notre première difficulté est de trouver le point d'entrée du canyon. Il faut savoir qu'en été, son débit peut atteindre 5 m3/s. Il n'est donc pas impossible que des points aient été arrachés. Nous optons pour poser la corde autour d'un jeune sapin situé en rive droite d'un gros affluent. A partir de maintenant, il n'y a plus de demi-tour possible ...
Le niveau d'eau de l'affluent est très tranquille. L'eau est magnifiquement claire et le canyon bénéficie d'un large jeu de couleurs. Le deuxième ressaut n'est pas équipé non plus et nous coinçons un anneau de corde entre deux rochers en guise d'amarrage. Puis nous rejoignons le Rosenlaui dans une superbe cascade où nous nous faisons bien mouiller. Le débit a doublé mais même s'il est conséquent, reste largement abordable. Cette fois nous sommes tout au fond de l'encaissement, et la lumière se fait timide. L'ambiance est au rendez-vous, et le canyon est de toute beauté ...
Le canyon est équipé a minima et la plupart des ressauts qui se désescaladent mériteraient un point. Nous en posons d'ailleurs un, ce qui nous permet de tester les "vis à bois" de Manu. Nous traversons une magnifique, mais hélas ! trop courte partie souterraine. Et nous voici à peine deux heures après être entrés à la dernière cascade du canyon, la plus grande (trente mètres). Je fais mon dernier film du weekend et je remballe tout, car c'est déjà fini. Nous rentrons à la voiture et nous changeons à l'abri d'une cabane. Nous rejoignons le gîte une heure plus tard et nous couchons tôt, après notre traditionnel repas de pâtes.

TPEC : 2h30

- Lundi 31 : nous nous levons tôt ce matin. Le temps semble amélioré car nous apercevons quelques coins de ciel bleu. Mais nous préférons faire de la prospection pour rentrer tôt chez nous. Après un rapide petit déjeuner, nous allons inspecter le fond de la vallée. Les paysages sont grandioses. Nous remontons un ruisseau très prometteur et repérons deux ou trois canyons potentiels à ouvrir lors de notre prochain séjour.
Nous prenons le chemin du retour, mais faisons un crochet pour aller voir l'incroyable cascade de Widelsigfall. Nous passons plus de deux heures à scruter la chute de plus de quatre cents mètres que l'eau fait à travers un magnifique tube de roche. Nous émettons diverses hypothèses sur la faisabilité d'une telle course puis reprenons définitivement le chemin du retour, bien songeurs.



Boris Sargos
Photos  d'Emmanuel Belut

dimanche 25 avril 2010

Welcome to Jordan



Notre pas s'épuise dans le sable rouge qui s'écoule, mais la pente de la dune semble s'accroître sans fin. Je finis par courir, car le faîte est si proche, mais le sable s'éboule inexorablement. Enfin, plus que quelques mètres, et l'horizon grandiose du désert s'ouvre à nous. Des mesas de grès rouge sang, austères et fières, dressent leurs infranchissables parois au milieu de l'immensité désolée.
Au terme de la traversée d'un de ces immenses îlots rocheux, par un dédale de canyons entrecroisés, l'ascension de cette dune solitaire nous ouvre une perspective inoubliable sur la réserve du Wadi Rum. Les mots sont vains pour décrire l'étrangeté des sentiments qui habitent l'homme au cœur du désert.
Dans quelques jours, si les cendres de l'Elyjafjöll le permettent, nous quitterons cette terre jordanienne brûlée par le soleil, pour rejoindre la verte Europe. Après une ultime poussée jusqu'à la mer rouge, et quelques heures de nage parmi les coraux et les poissons multicolores, nous reprendrons la route pour l'aéroport d'Amman. Voilà deux semaines que nous sommes arrivés dans ce pays chargé d'histoire.
Ici, pas une colline dont le nom n'éveille l'écho d'un mythe biblique, par un rocher qui ne résonne encore du fracas des batailles. Même la poussière semble se souvenir du sang des peuples innombrables qui se sont âprement disputé ces terres stériles. Pourtant, ce n'est pas vraiment l'histoire qui nous attire ici, et nul Graal ne nous a fait quitter nos chaumières. Nous répondons simplement à l'appel du grès, qui règne sans partage sur les canyons millénaires.

Samedi - La première nuit en Jordanie est déjà un choc, quand les haut-parleurs du minaret le plus proche vous arrachent brutalement au sommeil à cinq heures pour affirmer la grandeur d'Allah. La promenade matinale qui s'ensuit en est un autre, entre le flou artistique de la voirie et les voiles multiples qui couvrent plus ou moins complètement la gente féminine.

Dimanche - Mais le premier canyon achève l'exotisme, lorsque les premiers pas manquent d'être les derniers en enjambant une vipère des sables, et que l'eau thermale du Wadi Zarqa Main nous immerge dans un long Hammam naturel à 35°C. Les parois ocres, jaunes et rouges, contrastent avec le vert de l'eau, et le canyon s'achève au bord de la mer morte à moins 420m, sans aucun besoin du croll pour remonter !

Lundi - Mais la tourista commence à clairsemer nos rangs. Nous ne sommes plus que deux pour descendre Le Wadi bin Hammad, une sublime promenade débonnaire. Les parois de grès se resserrent, les palmiers suspendus s'accrochent de manière improbable aux falaises, et une extraordinaire grotte de tuf vient soudainement couvrir la gorge. Un petit ressaut facilement négocié, sans l'aide d'un guide que l'on a vainement tenté de nous imposer, puis le canyon s'ouvre sur une étendue de sable ensoleillée, parsemée de magnifiques lauriers roses. Un petit paradis tellement accessible qu'il faut à peine 1h30 pour le parcourir en aller-retour !

Mardi - Enfin nous revoilà au complet pour la descente de la partie supérieure du Wadi Hasa, un des plus grands collecteurs de Jordanie. Le débit est conséquent et l'eau plutôt fraîche. Nous progressons avec appréhension dans les roseaux, obnubilés par la faune qui y grouille immanquablement. Soudainement, Anne-Claire qui est en tête s'immobilise : la route est coupée par un dangereux crabe vert... totalement inoffensif ! Mais un encaissement de grès d'un blanc étincelant se dessine, et l'eau s'y jette furieusement dans un toboggan tumultueux. Pas d'amarrage. Nous assurons la descente du premier, qui sonde, puis tout le monde saute dans l'eau rendue marron par les sédiments. La gorge immaculée est superbe, et un bloc suspendu nous nargue. La course se poursuit ensuite avec moins de caractère, puis nous rejoignons un affluent d'eau thermale, le Wadi Afra, que nous remontons pour sortir du canyon. Dès que la gorge de l'affluent s'évase, nous regagnons la route, mais nous nous retrouvons malheureusement dans l'enceinte d'un Hamamm aménagé et payant... 1 Dinar les jordaniens, 2 Dinars les arabes non-jordaniens, et 5 dinars pour les "autres". Nous nous faisons alpaguer sans ménagement par un "Where are you go? (sic)" menaçant. Le sinistre concierge du lieu semble jouir à l'idée de racketter des touristes. La discussion s'envenime. Après d'âpres négociations nous finissons par débourser dix dinars pour sortir très énervés de ce sinistre endroit.

Mercredi - Mais le lendemain nous avons rendez-vous avec un guide à la réserve de Wadi Mujib, pour descendre le canyon du même nom. La réputation de ce canyon a dépassé les frontières de la Jordanie, et le parc en profite pour faire payer fort cher son accès, avec guide obligatoire. Pour ma part c'est la première fois que je prend un guide pour faire un canyon, et le prix de la course me fait longuement râler. 64 € par personne, juste pour un canyon avec une seule cascade! Quand on pense que le salaire moyen ici est de 300 euros par mois, la pilule passe difficilement. Mais l'heure d'entamer la marche d'approche pour le Wadi sonne. Nous sommes rejoints par le guide, en pantacourt et casquette, et par Minna, une touriste sino-américaine dont l'équipement laisse songeur : sandalette, short, chapeau mauve et énorme réflex... Inutile de dire que nous faisons sensation, avec nos kits lourdement chargés! Notre petite équipe attaque la pente, et le guide nous presse, volubile sur la difficulté de la marche d'approche en plein soleil. L'effort se révèle en fait très raisonnable, et nous rejoignons sans peine le Wadi après une traversée de son lit fossile, qui forme un immense réseau de dunes d'argile ocre. Nous commençons par remonter le Wadi jusqu'à sa confluence avec le Wadi Hidan: c'est le Malaqi, qui donne son nom à la course. Le Wadi Hidan sort d'une faille de grès multicolore, et deux gardes du parc, presque invisibles dans leur tenue de camouflage, nous y attendent. Nous nous équipons pour remonter le Wadi, et je me garde bien de mettre l'encombrant gilet de sauvetage que nous sommes censés porter. Le Wadi Hidan se révèle particulièrement grandiose et justifie à lui seul le déplacement. L'eau verte et agréablement tiède contraste magnifiquement avec la sublime palette de couleurs des parois de grès.
Nous traînons à loisir dans cette gorge incroyablement sculptée, qui s'avère également très ludique, voire franchement hilarante après une démonstration de saut raté par Minna. De retour à la sortie de la gorge, nous dégustons un thé à la sauge, en pestant intérieurement contre l'interdiction qui est faite de parcourir le Wadi Hidan dans son intégralité.
Nous redescendons ensuite le Wadi Mujib jusqu'à parvenir au canyon qu'il a creusé dans sa course à la mer morte. La rivière a tranché un sombre passage dans un immense massif de grès. Nous pénétrons dans le canyon, et Minna requiert toute l'attention du guide avec ses sandalettes et son réflex. Le parcours est aisé, et l'encaissement devient de plus en plus grandiose au fur et à mesure de la progression, magnifié par de subtils jeux de lumière. Soudain le rugissement de l'eau se fait plus prononcé : nous voici à l'unique cascade du canyon, haute d'une vingtaine de mètres. Le guide accepte finalement de nous laisser descendre en rappel, au lieu de nous mouliner comme le prévoit le règlement... mais il nous contre-assure quand même depuis le haut ! Après cette cascade, l'encaissement vertigineux obscurcit de plus en plus le canyon, puis la gorge finit par s'ouvrir et nous rejoignons l'entrée du parc. Notre tenue semble toujours beaucoup amuser les guides qui y sont réunis, alors que notre guide n'a pas quitté son pantacourt et sa casquette depuis le début !
Malgré le prix de la sortie, nous sommes vraiment enchantés par ces deux canyons, et nous regagnons béatement Kerak et sa forteresse templière, après une petite halte sur les bords désolés de la mer morte.

Jeudi - Après un repas bien mérité au restaurant de Kerak, qui est devenu notre cantine officielle, suivi d'une nuit dans l'incroyablement pouilleux Tower Catle hotel, voici venu le jour de descendre le Wadi Kerak, qui présente, ô miracle, un cassé d'une cinquantaine de mètres.
Les accès amont et aval s'avèrent techniques en terme de navette de voiture, mais nous nous en sortons glorieusement grâce à une carte touristique trouvée la veille au restaurant, heureusement plus précise que les pitoyables cartes routières habituelles. Les sept kilomètres du Wadi se révèlent superbes, avec les classiques tamaris, laurier-roses et palmiers, le tout agrémenté de quelques cascades dont un superbe enchaînement d'un peu plus de cinquante mètre. La combinaison néoprène reste dans le kit, tant la température est douce et les passages arrosés rares. En rive droite, une magnifique cascade de tuf d'une bonne soixantaine de mètre vient parachever d'une touche de vert la dernière partie du canyon. Et une fois encore, la journée s'achève par un banquet à Kerak !

Vendredi - Le lendemain est déclaré jour de repos, et nous programmons deux petites descentes mineures, le Wadi Hudeira et le Wadi Weida'a. L'esthétique du Wadi Hudeira dépasse toutes nos espérances : la sinueuse gorge de grès s'ouvre farouchement dans d'abruptes falaises orangées, puis serpente lascivement entre des murailles à la douce courbure, dans la lueur mordorée du soleil. Le Wadi Weida'a s'avère en revanche sans aucun intérêt, l'encaissement ayant probablement été ruiné par un éboulement. Nous dérangeons des pique-niqueuses et leurs enfants, et l'une d'elle s'empresse de remettre précipitamment le hijab qu'elle avait imprudemment quitté. Plus loin, les restes sanglants d'un poulet sacrifié nous renseignent sur la meilleure méthode pour s'assurer de la fraîcheur de la viande en pique-nique.
Nous rentrons tôt à Kerak, afin d'être frais et dispos pour la journée suivante qui promet d'être longue. Au menu, la partie inférieure du Wadi Hasa, longue de treize kilomètres, et pour laquelle une navette de soixante dix-kilomètres est nécessaire. Autant dire que nous n'aurons pas trop de toute la journée pour réaliser cette course.

Samedi - Nous attaquons dès l'aube, et nous parvenons sans trop de mal à garer le premier véhicule à la sortie du Wadi Hasa, vers Safi, malgré l'habituelle imprécision des cartes. Nous poursuivons notre chemin avec le deuxième véhicule, et les kilomètres défilent lentement sous nos roues. Au terme de deux heures trente de route, nous passons un bled reculé au milieu d'un vaste plateau désertique. En l'absence de panneau intelligible, nous supposons qu'il s'agit d'Irhab, terminus de la navette. Nous tentons péniblement d'identifier la piste décrite par le topo, mais le doute plane sur nos esprits. Nous garons néanmoins le véhicule et commençons à marcher vers le nord en direction de la profonde vallée creusée par le Wadi Hasa, qui semble désespérément loin et inaccessible. La descente est-elle seulement possible depuis là où nous nous trouvons? Sur l'altimètre, les chiffres défilent. Cent. Deux-cent. Trois-cent. Nous dépassons largement le dénivelé prévu dans le topo, pourtant le Wadi est toujours en dessous de nous.
Nous avisons un affluent qui semble correspondre au topo, et nous nous y engageons. Les désescalades se succèdent, de plus en plus techniques, et l'éventualité d'un possible renoncement pointe à l'horizon. Enfin nous parvenons in extremis au Wadi Hasa, après plus de sept-cent mètres de descente, soit quatre-cent de plus que ce que prévoyait le topo. Convaincus d'avoir perdu beaucoup de temps, nous hâtons le pas car il nous reste encore treize kilomètres de canyon à parcourir, et il est déjà passé onze heures, ce qui ne nous laisse que huit heures avant la nuit. Très rapidement nous croisons un groupe d'israéliens en pleine cuisine, au détour d'un méandre. Ils effectuent la descente intégrale du canyon en deux jours, et sont lourdement équipés pour le bivouac. La conversation s'engage, et ils nous renseignent rapidement sur notre position dans le canyon grâce à leur topoguide hébreux très détaillé. Contre toute attente, nous sommes rentrés dans le canyon à l'endroit prévu ! Nous reprenons sans tarder la marche, dans le lit du cours d'eau. La progression est aisée et la marche rapide. Le Wadi rappelle ceux parcourus les jours précédents, mais en beaucoup plus discontinu. Heureusement, il prend de plus en plus de caractère au fur et à mesure que l'on se rapproche de son embouchure. Le grès se teinte de rose, et un immense sous-marin de pierre se profile à l'horizon. Alors qu'une belle lumière de fin de journée pare les rochers de couleurs chaudes, nous parvenons à un superbe méandre de grès rose qui clôt le canyon en apothéose. Nous sommes bien en avance sur l'horaire estimée, mais l'interminable navette fait que la nuit est déjà noire quand nous regagnons l'autre véhicule. Il est passé 22 heures quand nous regagnons Kerak, où seule notre fidélité nous permet de manger aussi tardivement à notre restaurant habituel. La nuit suivante est notre dernière à Kerak.

Dimanche - Nous gagnons sans tarder Petra dès le lendemain, après un petit détour par l'imprenable forteresse croisée de Showbak.

Lundi et mardi - La visite du site grandiose de Pétra tient presque du pèlerinage, tant les nabatéens qui l'édifièrent furent quelque part les ancêtres de tous les canyoneurs, avec leur Siq, canyon tout à la fois porte monumentale et nécropole. Le site, déserté par les touristes en ces temps d'éruption volcanique, est propice à la méditation.

Mercredi, jeudi et vendredi - Cet état d'esprit nous accompagne jusqu'aux derniers jours de notre périple, que nous passons au coeur du désert dans la réserve du du Wadi Rum, immortalisée par l'action historique de l'énigmatique Lawrence d'arabie. Nos efforts désespérés pour échapper aux rabatteurs à touristes sont couronnés de succès, et nous parvenons à faire d'inoubliables randonnées sans contraintes dans le cadre envoûtant du désert.

Samedi - Notre odyssée jordanienne s'achève dans le farniente et l'épicurisme que nous pratiquons tous en experts, entre une brève matinée de plongée féerique dans la mer rouge et un ultime repas gastronomique à Madaba. De retour en Europe, le vent du désert ne siffle plus à nos oreilles, mais il souffle encore dans nos mémoires. Ma'a salam.

Emmanuel Belut

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dimanche 28 février 2010

Canyons secs de Sardaigne



Du mercredi 17 au dimanche 28 février


La Sardaigne ... Grande sœur de notre magnifique Corse, elle ne jouit pas d'autant de prestige, mais propose en contrepartie un caractère sauvage bien prisé des canyonistes aventuriers. Profitant d'un congé inattendu, Anne-Claire et moi décidons (après avoir longtemps tergiversé à cause de la météo catastrophique) de partir la semaine d'après pour un séjour de découverte des canyons sardes.

Mercredi 17 février - Les traversées au départ de Marseille ne sont pas fréquentes en cette saison et la seule date proposée de la semaine est le mercredi 17 février. Nous quittons donc Lyon sous la neige en début d'après-midi en camping-car. Le port étant en travaux, nous mettons beaucoup de temps à trouver la zone d'embarquement (le personnel portuaire marseillais, manifestement très occupé à ne rien faire, ne nous a guère aidé). Finalement, après plusieurs allers-retours et beaucoup de patience, nous trouvons notre bateau, puis entrons peu après en camping-car dans le cargo. Nous nous installons dans notre cabine et nous préparons à une nuit tranquille. Malheureusement, la houle devient rapidement forte et le mal de mer nous tient compagnie pendant toute la traversée.

Jeudi 18 février - Le lendemain matin, nous sommes brusquement réveillés à 5h30 au lieu de 8h30 comme prévu. Nous devons débarquer en catastrophe à Propriano en raison d'un "mouvement social" empêchant le bateau d'aller en Sardaigne. Nous reprenons la route avec le camping-car pour Bonifacio, où nous prenons un deuxième ferry, de taille plus modeste, pour parcourir la dizaine de kilomètres nous séparant de la Sardaigne. Nous débarquons finalement deux heures plus tôt que prévu, au nord de l'île. Le parc naturel étant situé au centre-est, nous devons traverser la moitié de la Sardaigne. Nous avons le temps de nous arrêter sur la côte et profiter d'un rayon de soleil que nous croyons inespéré et éphémère (la météo annonçait une semaine de pluie sur la Sardaigne). Nous arrivons en fin d'après-midi à Nuoro, où nous profitons de l'office de tourisme pour glaner quelques idées de balade ou autres formes de tourisme. Nous visitons rapidement la ville et gagnons le parc de la Supramonte, où nous trouvons, au coeur de la vallée de Lanaito un superbe endroit pour bivouaquer.

Vendredi 19 février - Réveil au chant des oiseaux, mais temps instable. Nous décidons de commencer notre périple par un petit canyon sec, situé au bout de la piste au bord de laquelle nous avons dormi. Nous trouvons assez rapidement le chemin d'approche, et nous sommes au départ du canyon de Bidighinzu en moins d'une demi-heure. Le (petit) dénivelé nous offre une modeste - mais très jolie - vue sur la vallée. La descente du canyon se fait tranquillement en une heure. Il ne pleut toujours pas. Nous rentrons au camping-car pour une petite sieste. Finalement, la sieste se prolonge et il devient trop tard pour un deuxième canyon. Nous préparons le bivouac, au même endroit que la veille.

Samedi 20 février - Réveil très agréable ce vendredi. Il fait doux. Nous avons prévu un beau et long canyon : Pentumas, dont l'approche ne semble pas évidente à trouver. Nous emportons donc avec nous les deux topos de Jourdan et Caracal. Le chemin suggéré monte très raide droit dans la montagne. Afin d'économiser nos forces, nous faisons un petit détour en prenant la montagne par son flanc. Notre itinéraire ne passant pas loin d'un village Nurago, nous en profitons pour remonter le temps en visitant les vestiges de ce très vieux village. Puis la marche reprend, raide et en plein soleil. Nous traversons de magnifiques dalles en lapiaz très fin (à en être tranchant), à la recherche de "cuile". Nous devons en croiser trois avant de redescendre dans le vallon en contrebas. Au bout de près de deux heures, nous trouvons ce qui nous semble être un petit cuile. Nous continuons sur de vagues traces, que nous prenons pour le sentier. Bien entendu, les traces disparaissent assez rapidement, et le deuxième cuile devient difficile à trouver. Par chance, nous le trouvons près d'une heure plus tard. Nous pensons être proche de la fin. Il ne nous reste plus qu'à trouver le troisième cuile. Nous le cherchons. Longtemps. Sans le trouver. A priori nous avons dû trouver le premier et le troisième, sans passer par le deuxième. Alors nous revenons sur nos pas. Nous retrouvons difficilement le cuile que nous avons pris pour le deuxième, et suivons un reste de sentier qui remonte plein pot. Nous marchons une bonne demi-heure, jusqu'à tomber sur un mur. Manifestement, le canyon n'est pas là. Nous revenons donc au dernier cuile et cherchons un accès à un potentiel canyon. En vain. Cela fait maintenant plus de quatre heures que nous marchons. Nous décidons de faire demi-tour. Nous sommes au camion une heure et demie plus tard, déçus. Cette marche d'approche restera un mystère.
Il nous reste assez de temps pour aller visiter le château Nuraghe de Tiscali, construit sur les hauteurs de la vallée. Mais sans carte et sans indication, nous nous rendons vite compte que cela va être difficile. Armés de notre seul courage, nous prenons un chemin qui semble prendre la direction dudit château. Malheureusement, quelques centaines de mètres plus loin, un gros panneau indiquant "No Tiscali" brise notre illusion. Nous poursuivons néanmoins, espérant atteindre un joli point de vue. Finalement, nous nous arrêterons en face de l'entrée d'un canyon, peu après une bergerie troglodyte (et nauséabonde, il faut bien le dire). La balade, sous un vent acharné, est belle, même si l'objectif n'est pas atteint. Nous envisageons l'éventualité de nous lever de bonne heure le lendemain et de rejoindre le château par le versant sud, qui constitue l'accès classique. Nous prenons la route pour dormir au départ de ce chemin, situé au fond de la vallée en contrebas de Dorgali, la "grande" ville du parc. Nous nous y arrêtons d'ailleurs au passage, et parcourons ce qui n'est qu'un village, dans tous les sens à la recherche d'un restaurant. Nous nous rabattons finalement sur une sinistre pizzeria, de piètre qualité.
Nous dormons au bord du Flumineddu, bercés par ses flots tranquilles.

Dimanche 21 février - Le bivouac, situé au bord de l'eau, et vraiment très agréable. Nous en profitons longuement, en renonçant finalement à Tiscali. Puis nous partons rejoindre les Lips, comme convenu, à Cala Gonone. Nous les retrouvons sans problème au lieu de rendez-vous, puis organisons la navette près du débouché de Cala Fuili avant de monter au départ du canyon. Nous démarrons la descente de ce petit canyon sec vers 13 h. Elle se fait sans problème avec quelques très beaux paysages. Nous prenons notre temps et arrivons à la plage terminale vers 16 h. Nous récupérons la Kangoo au départ, puis nous revenons sur Dorgali.
Nous assistons à quelques danses à l’occasion du Carneval et dînons dans une pizzeria. Enfin, nous reprenons la voiture pour aller au lieu de bivouac testé la veille. Josiane et Bernard montent la tente, car de la pluie est annoncée pour la nuit.

Lundi 22 février - Il pleut effectivement un peu la nuit. Petit déjeuner et nous repartons vers 9 h en direction d’Urzulei, plus au sud. Nous y faisons difficilement quelques courses (les villages ont des rues étroites, les magasins sont minuscules et l’attente assez longue). Il est 11 h lorsque nous repartons. Le timing va être serré pour faire le canyon prévu : Bacu Esone. Nous plaçons le camping-car au débouché du canyon (10 km de petites routes) puis montons avec la Kangoo. Nous hésitons sur la piste à prendre et, après avoir roulé pendant une dizaine de kilomètres, apprenons que nous ne sommes pas sur le bon chemin. Il est décidément trop tard pour s’engager dans le canyon. Nous prenons le temps d’admirer le paysage et finissons par trouver le bon embranchement. La piste n’est pas très bonne et nous nous arrêtons avant le terminus indiqué sur le guide. Josiane décide de rester à la voiture pour continuer la correction de l’Echo des Vulcains. Bernard, Anne-Claire et moi partons repérer le départ pour demain. Il est finalement 16 h lorsque Anne-Claire et Bernard repèrent avec certitude le point de départ. Retour à la voiture vers 17 h passé.
La piste est vraiment mauvaise et Bernard patine dans une montée raide et défoncée. Nous bataillons pendant presque une heure pour refaire la piste et pour divers essais de passage. Finalement, à la nuit tombée, il finit par passer « en dynamique » en prenant pas mal d’élan : source d’impressions intéressantes mais stressantes. Nous revenons au camping-car la nuit vers 19 h. Le bivouac se fait sur place afin d'être rapidement prêt le lendemain. Après dîner, je monte la tente pour une nouvelle bonne et longue nuit. Josiane met en place son hamac mais elle intègre la tente vers minuit suite à un peu de pluie.

Mardi 23 février - Nous nous réveillons vers 7 h 30 et démarrons une heure plus tard en laissant le camping-car sur place. Après quelques photos de chevaux, de vaches et de cochons, nous laissons la Kangoo au départ de la piste difficile. Nous démarrons la marche d’approche vers 9 h 30 et rejoignons le début du canyon (Bacu Esone) en deux heures de marche agréable. Nous démarrons la descente vers midi. Le canyon est sec et comporte dix verticales dont les deux plus grandes font 33 et 30 m sans compter quelques beaux paysages et quelques belles falaises. Nous rejoignons la rivière de Cala Luna après 4 h de descente tranquille (photos et films). Retour au camping-car. Nous laissons Anne-Claire et Josiane à l’intersection puis cherchons la Kangoo. Nous laissons une nouvelle fois le camping-car au-dessus de Urzulei et refaisons quelques courses tout en nous faisant indiquer une pizzeria à 5 km. Nous sommes les seuls clients et nous dînons vers 20 h auprès d'un poêle suffocant. Puis nous retournons au début de la route de Cala Luna pour dormir. Il pleut ! Les Lips montent rapidement la tente alors que nous garons le camping-car un peu plus loin, à l'abri de la route. Le vent se lève et souffle en tempête une bonne partie de la nuit. Mais la pluie s’arrête.

Mercredi 24 février - Le vent se calme vers 6 h du matin. Nous nous levons vers 7 h 30 et prenons le petit déjeuner. Le ciel bleu fait rapidement place à des nuages menaçants. Nous partons pour aller au départ du canyon d’Orbisi. La piste, de 9 km, passe sur un plateau de lande puis descend dans une forêt de chênes. Le temps se couvre de plus en plus et la forêt, noire, paraît sinistre. Nous laissons le camping-car à deux kilomètres du but et continuons avec la Kangoo. Nous arrivons au terminus de la piste… sous la pluie. Le moral en prend un coup. Nous hésitons longuement, attendons en vain une éclaircie et vers 11 h, décidons de reporter la descente.
Bernard propose d’aller chercher Su Clovo, une grotte nécessitant peu de matériel.
Le Kangoo peine à remonter la pente raide, pavée et mouillée par la pluie. Bernard s’y prend à deux fois et ça se termine à la poussette (ce n’est que la deuxième fois d’une assez longue série).
Nous revenons sur la route en laissant le camping-car sur place et cherchons la grotte à partir des coordonnées GPS mais sans carte précise. Nous tentons une approche par le sud et empruntons des pistes peu roulantes. Bernard finit une fois de plus par patiner sur une piste remontante et pierreuse… qu’il lui faut redescendre longuement en marche arrière. Finalement nous essayons par le nord (par la piste d’accès à Bacu Esone) et trouvons sans difficulté la perte et l’entrée de la cavité. Nous cassons la croûte dans le froid et le crachin et quittons la voiture vers 15 h pour une petite visite sous terre.
Je bloque dans la première étroiture, juste après l'entrée. Anne-Claire, Josiane et Bernard continuent dans des galeries d’abord étroite. Un P20, seule verticale à équiper, les amènent dans la rivière. Le paysage souterrain devient magnifique. Bernard prend pas mal de photos. Mais, vers 18 h, avant d’arriver dans les grandes salles, ils décident de faire demi-tour, afin de ne pas me faire patienter trop longtemps. Ils ressortent vers 19 h 30 (TPST : 4 h) et me retrouvent à la voiture. Ils se changent et nous revenons à Urzulei pour faire le plein (à une station automatique qui refuse la carte bleue… mais avec une pompe qui se met en marche dès qu’on prend le tuyau verseur : nous reviendrons payer demain).
Nous retournons manger une pizza dans le même restaurant que la veille. Il est 22 h passé quand nous quittons le restaurant. Il ne nous reste plus qu’à retourner au camping-car (une bonne heure dont 40 min de piste la nuit) et à monter la tente. Nous nous couchons vers 23 h 15 avec un beau ciel étoilé en espérant avoir le beau temps demain.

Jeudi 25 février - Grasse matinée jusque vers 8 h 30. Il fait grand beau. Nous prenons tranquillement le petit déjeuner puis nous nous préparons à faire le canyon d’Orbisi.Bernard avance un peu avec la voiture… mais sans descendre la pente finale raide. Après une courte marche d’approche d’une demi-heure, nous pénétrons dans le canyon vers 11 h. Celui-ci s’avère très esthétique dès les premières verticales. Nous avons bien fait de ne pas le faire hier par temps pluvieux. L’itinéraire passe par une partie souterraine (la grotte d’Orbisi). La partie finale est au demeurant très belle également. Après la dernière verticale (vers 15 h 30), nous rejoignons la confluence avec le Flumeniddu. Les paysages sont splendides. Nous profitons du coin… puis reprenons le raide chemin pour remonter. Nous sommes de retour à la voiture vers 17 h 15 et au campement un quart d’heure plus tard. Nous dînons dans le camping-car... Josiane étend son hamac entre deux arbres et arrive à passer une nuit sans pluie. Bernard monte toutefois la tente.

Vendredi 26 février - Nous nous levons à 7 h pour partir rapidement. Comme nous roulons moins vite que les Lips, nous partons quelques minutes avant eux ... Pour les attendre dix bonnes minutes au col. Nous apprenons lorsqu'ils nous rejoignent que la batterie de la Kangoo était à plat et qu'ils ont dû pousser un peu la voiture pour pouvoir la démarrer dans un petit chemin en pente.
Nous retournons à Urzulei pour quelques courses et pour payer l’essence que nous avions prise gratuitement hier soir. Enfin nous prenons la direction de Baunei. Une piste bien roulante nous amène au départ de canyon de « Bacu Padente ». Josiane décide de rester à la voiture... et continue de corriger l’Echo des Vulcains.
Anne-Claire, Bernard et moi descendons le canyon sec en direction de la mer. Les deux premières verticales sont quelconques puis nous passons par une grotte longue d'une centaine de mètres qui s’ouvre en flanc de canyon avant de rejoindre par une très belle lucarne le canyon principal. La dernière verticale, de 30 m en pendulaire donne presque sur la mer. Elle est impressionnante, en partie à cause du ressac. De plus, en bas, le passage, situé sur une banquette très raide, ne semble pas évident. Bernard descend en premier pour le tester. Je le suis, un peu tétanisé par le vertige. Heureusement qu’il y a moyen de m’assurer sur le trajet de la banquette. Nous rejoignons le niveau de l’eau dans une crique par une main courante et une petite désescalade,. Il ne nous reste plus qu’à remonter par un chemin très raide avec quelques passages vertigineux. Nous rejoignons Josiane vers 17 h… et partons presque à la nuit tombante. Nous allons jusqu’à Tortoli où nous dînons dans une pizzeria.
Nous reprenons la voiture de nuit, finissons par traverser Lanusei et nous trouvons un endroit plat pour nous poser au début d’une belle vallée suspendue vers 1200 m d’altitude. Un vent très froid incite les Lips à monter la tente le plus rapidement possible.

Samedi 27 février - La neige n’est pas très loin mais le vent s’est calmé. Petit déjeuner dehors et nous repartons tranquillement vers 8 h 30. La vallée suspendue est très belle. Nous passons près de Nuoro puis continuons en direction d’Olbia. Nous quittons la route vers Straulas pour chercher le canyon de Pitrisconi. Nous posons le camping-car au débouché du canyon puis montons par une piste raide vers le départ. Josiane, qui a décidé de ne pas faire le canyon, doit redescendre la voiture. Nous dépassons le départ sans le voir et nous retrouvons dans des pentes descendantes raides. C’est encore une occasion pour Bernard de tester la conduite sur piste difficile. Il arrive à remonter de justesse. Finalement, il est plus de midi lorsque nous trouvons le départ.
Bernard n'est plus très motivé et finit par décider de rester avec Josiane. Après quelques hésitations, Anne-Claire et moi nous engageons seuls dans le petit canyon vers 13 h. Il est formé dans un terrain granitique et présente quelques petites verticales et surtout de belles vasques d’eau claire où il faut nager.
Vers 16 h, après 3 h de descente, nous entendons la voix de Bernard, venu à notre rencontre par un sentier, qui nous appelle. Nous sortons du canyon et le rejoignons pour regagner le camping-car une demi-heure plus tard.
Nous partons vers Olbia où nous arrivons un peu en avance. Nous dînons une dernière fois dans une pizzeria (il n’y a que ça en Sardaigne) avant de retourner au port où nous embarquons vers 19 h. Bonne douche (la première depuis notre arrivée) et excellente nuit.

Dimanche 28 février - Réveil à 6 h… et lever vers 7 h. Nous débarquons vers 7 h 45 et reprenons la direction de la France. Après un petit déjeuner pris ensemble dans le camping-car, nous nous séparons. Le temps est gris puis pluvieux. Nous montons vers le tunnel de Fréjus sous une belle tempête de neige ...
La neige s’est calmée et nous arrivons presque avec le beau temps à Lyon vers 15 h 30. Les actualités du soir font état d’une tempête destructrice sur l’Atlantique…

Bernard et Boris

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mercredi 18 novembre 2009

Trümmelbach ist bach




Après notre descente extrême de Trümmelbach en février, Stéphane, Manu, Anne-Claire et moi nous étions jurés de revenir à Lauterbrunnen pour refaire cet extraordinaire canyon, en conditions "normales" cette fois-ci. La période de la Toussaint avait été avancée et réservée de longue date à cet effet.
Ces derniers jours, la chance a été de notre côté. Les conditions en Suisse Centrale sont optimales pour le canyon. Il n'a pas plu (ou peu) depuis plusieurs semaines et les canyons ne sont pas en glace et ne sont pas enneigés. Et malgré des températures élevées pour la saison, les niveaux d'eau sont bas. L'inconnue est tout-de-même de savoir s'ils sont assez bas pour permettre la descente. N'oublions pas que Trümmelbach en été coule à plus de vingt mètres cube par seconde !
Le mardi 27 octobre, Manu réserve le gîte. Le programme est à définir parmi Turnigla, Zanaibach, Chollbach, Trümmelbach, Rosenlauischlucht et Radeinbach. Que du majeur !

Le jeudi 29 octobre à 18h, Anne-Claire et moi préparons nos affaires, quand le téléphone sonne : Yves est des nôtres pour le week-end. Nous le rejoignons à Annemasse à 21h où il laisse sa voiture (en bas de chez Laurence). Puis nous traversons toute la Suisse pour retrouver Manu et Stéphane endormis au gîte à 3h, près de Chur. Il gèle dehors, et le gîte n'est pas chauffé. Nous nous couchons vite fait, car demain le départ se fera tôt.

Vendredi 30 : réveil à 7h30 dans le froid. Après une courte nuit, gros petit déjeuner chez nos hôtes. Puis départ pour Turnigla, considéré par certains comme le plus beau canyon d'Europe. Nous y sommes en une demi-heure de voiture. Il fait beau et nous nous préparons au soleil. Une marche de vingt minutes nous emmène à la passerelle de départ. Le débit est parfait (50 litres/s). La descente s'annonce bien.
C'est effectivement le cas car s'ensuivent quatre heures de délectation, en particulier dans la première partie, magnifique. La deuxième, située après un barrage, est moins intéressante, du fait d'un débit moindre, mais les couleurs sont encore plus belles et certains passages sont d'une grande beauté. Nous sommes dehors, au soleil pour nous changer vers 15h. Puis nous rentrons au gîte mettre des bûches dans les poêles ...

Samedi 31 : réveil à 7h30. Encore un gros petit déjeuner. Nous rangeons les affaires dans les voitures et partons, avec du retard, vers Zanaibach. Il nous faut une heure de route pour nous rendre sur place (près de Saint-Gal). Le ciel se voile, et il fait frais. Notre motivation n'en étant aucunement affectée, nous commençons la marche vers 10h30. Celle-ci, qui remonte le canyon, nous fait voir plusieurs affluents dont le débit nous inquiète. Au départ du canyon, celui-ci coule à près de 70l/s, ce qui ramène le débit après le premier affluent à plus de 100 l/s. Nous hésitons à nous engager (surtout moi, qui propose de renoncer). Nous descendons cependant les deux premières cascades. Le débit ne pose aucun problème, mais pour on ne sait quelle raison, nous traînons. La troisième cascade n'est pas équipée. Nous craignons que des points aient sauté récemment. Ça semble toutefois passer en désescalade, mais c'est délicat. Nous n'avons pas pris le perfo avec nous, et le fait d'imaginer que d'autres cascades pourraient aussi ne plus être équipées nous fait réfléchir. Il est tard (midi passé), le débit est conséquent et le canyon semble être insuffisamment équipé. Nous décidons donc de sortir. Stéphane escalade avec brio la paroi glissante et nous pose une corde en fixe. Nous sortons tous du canyon en moins d'une heure.
Nous prenons la route avec amertume vers Trümmelbach, où notre ami italien Pascal nous attend pour une soirée Pizzocheri. Le soir, après une reconnaissance en bas du canyon (le débit semble au poil), nous mangeons plus que de raison la spécialité de notre ami. Grazie mille à notre cuisinier de la Valtellina !

Dimanche 1 : réveil à 6h30. Cette fois, le gîte était chauffé et nos affaires ont pu sécher durant la nuit. La journée s'annonce bien. Seul bémol : le petit déjeuner se fait avec l'odeur de chou bouilli (cuisine coréenne). C'est assez difficile à supporter le matin à jeûn, mais comme il faut prendre des forces pour la journée qui nous attend ...
Nous partons sous un beau ciel bleu, en contradiction avec ce qu'avait annoncé la météo (ça rappelle notre bonne Météo France). Une heure de marche raide nous mène au pont qui enjambe cet inquiétant ruisseau. De là, l'eau apparemment calme se jette soudainement dans une abîme en une folle cascade pour disparaître dans un méandre totalement obscur. Le ton est donné. Trümmelbach nous tend les bras, pour notre plus grand plaisir. Trois heures d'une intensité euphorique nous tiennent en haleine dans une incroyable faille en grande partie privée de lumière (frontale absolument obligatoire). Trois heures d'une ambiance unique, où le vacarme assourdissant de l'eau et l'obscurité la plus complète nous transportent dans un autre univers. Rarement un canyon nous a offert une telle émotion. Difficile de faire mieux. Mais déjà, sur le parking aval, nous lâchons quelques noms comme Gamchi ou Grieschluct, certainement nos prochaines aventures ...

Le retour sur Lyon - via Annemasse - se fait la tête dans les nuages jusqu'à 20h, où le quotidien reprend ses droits.

Boris

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samedi 15 août 2009

Pélerinage dans les Dolomites du Frioul (du 1er au 16 août 2009)


Première partie : Rassemblement italien à Chiusaforte

Vendredi 31 juillet : Anne-Claire et moi partons de Lyon le soir en camping-car. Nous couchons au col du petit Saint-Bernard, sous une nuit étoilée et bien fraîche.

Samedi 1er : Le lendemain, nous traversons tout le nord de l’Italie et arrivons à Chiusaforte vers 17h. Nous sommes les premiers Français. Le soir, nous dînons sous le chapiteau du rassemblement, et retrouvons des amis Italiens, Suisses, Français …

Dimanche 2 : Avec Stéphane et Eric, nous nous levons à 5h pour faire Vielia, côté comme un des plus beaux du secteur. Deux heures de route et trois heures de marche nous amènent au départ du canyon, situé au bout d’un très beau plateau aux confins de la vallée. La descente est composée de quatre parties entrecoupées de longues marches dans les blocs glissants. Le début n’est pas intéressant et nous perdons une heure et demie à rééquiper la grande cascade, faute de points. Mon genou fatigue, et très vite je dois m’arrêter. Après quatre heures dans le canyon et sans avoir vraiment vu de jolis passages, je décide de sortir (c’est la fin de la première partie). Les autres me rejoignent trois heures plus tard, à la fin de la troisième partie, sans avoir le sentiment d’avoir parcouru un beau canyon. Le retour à la voiture se fait en une heure. Pour moi c’est plus long, et surtout plus douloureux.
Le soir, nous retrouvons les Français, arrivés en masse. C’est l’occasion de discuter et former des groupes. La météo annoncée étant assez sévère pour le lendemain, nous ne prévoyons rien.

Lundi 3 : La météo est épouvantable. Il a plu toute la nuit, et dès le matin, les orages grondent. Il sauce fort. J’en profite pour reposer mon genou et manger une pizza dans un village voisin. Le soir, c’est belote au camping-car.

Mardi 4 : La météo est incertaine. Nous tentons un petit canyon à côté du camp, Frondizzon. Nous sommes une large dizaine. Une fois arrivés au départ du canyon, Ivan s’aperçoit qu’il a oublié son portefeuille sur le capot de sa voiture ! Il décide de remonter et de faire le canyon tout seul … Nous, nous descendons, sous l’impulsion de Chris qui prend les choses en main d’emblée. Une belle descente bien encaissée nous attend, avec une partie totalement noire. Au bout de deux heures, nous sommes aux voitures. Ivan nous rejoint une demi-heure après.
Entre-temps, le ciel s’est dégagé. Nous décidons de faire Lavarie, canyon situé à côté du nôtre. Au parking amont, il y a beaucoup de véhicules. Ce qui semble indiquer un grand nombre de personnes dans le canyon. Tant pis, après avoir vérifié qu’Ivan a bien rangé ses papiers, on y va ! Après une très agréable heure de descente dans un canyon bien sculpté, nous rejoignons une masse de personnes agglutinées autour d’une belle vasque. Il y a un rappel « technique » avec une déviation à franchir, et c’est la queue ! Nous apprenons qu’il y a en fait trois groupes devant nous. Alors que nous sommes à trois cascades de la fin, nous mettons plus de deux heures pour sortir du canyon !
Le soir, c’est repas à la pizzeria du village.

Mercredi 5 : Après la forte pluie d’il y a deux jours, nous pensons qu’il est intéressant de parcourir Cuestis, un canyon habituellement à petit débit (voire sec). Nous nous levons vers 7h pour nous rendre sur place à 8h30. Malheureusement, le parking est déjà plein. N’ayant pas envie de réitérer la mésaventure de la veille, nous reprenons la route et partons pour Novarzza-Lumiei. Nous sommes quatorze. Après une courte marche d’approche (une demi-heure), nous entrons dans le canyon de Novarzza par une falaise se descendant par un rappel sec d’une centaine de mètres. En bas, le canyon est un couloir bien creusé, mais sec. Nous croisons un névé, d’assez grosse taille, mais facilement contournable. Les cascades s’enchaînent, et l’eau coule peu à peu. Nous arrivons à la confluence avec le Lumiei. C’est un spectacle magnifique. Du haut de notre cascade de vingt mètres, nous dominons le collecteur avec ses roches rouges et vertes et son eau turquoise. Nous descendons et progressons dans cette extraordinaire ambiance. Puis le canyon s’encaisse et rapidement, la lumière se perd. Quelle ambiance ! Une heure de marche termine la balade. Nous rejoignons les voitures en une demi-heure.

Jeudi 6 : Après avoir entendu beaucoup de bien de Cuestis, nous sommes vraiment très motivés pour le faire ! Nous nous levons donc très tôt (6h) pour ne pas faire comme la veille. Le canyon commence gentiment, dans de l’eau très froide. Il s’encaisse peu, mais propose vers la fin deux belles verticales, dont la descente de l’une se fait en traversant un large arc-en-ciel. Au passage, nous avons récupéré une corde de 70 mètres, laissée en fixe par un précédent groupe. Nous avons également été rattrapés par un impressionnant groupe d’italiens qui sautaient toutes les cascades de moins de trente mètres !
Après ce sympathique canyon, il nous reste encore pas mal de temps. Le temps d’aller faire un court canyon dont on nous a dit beaucoup de bien : Foce. Dans un secteur situé à une heure de route du camp, le paysage est différent. Le canyon est une faille qui coupe finement la montagne très boisée. Durant l’accès pédestre, nous allons faire un petit tour dans une résurgence, sans rien voir d’intéressant. La descente du canyon est spectaculaire. Ici point de saut ou rappel, mais une ambiance incroyable. Parfois large comme mes épaules, et profond d’une large vingtaine de mètres, l’atmosphère est quasi spéléo. Cette délectation est malheureusement de courte durée (à peine plus d’une heure) car le canyon se termine rapidement à la confluence avec un plus gros torrent où la grève est aménagée en plage pour les touristes.

Vendredi 7 : la météo devient stable. Nous en profitons pour faire un canyon de réputation internationale : le Rio Simon. Nous nous levons tôt et partons pour un village assez proche, dans lequel nous nous garons discrètement. Plus de deux heures de marche interminable et souvent aérienne nous amènent au départ du canyon. Le débit est parfait.La première partie comporte beaucoup de marche et peu d’obstacles intéressants mais reste esthétique. La suite, en revanche est digne des plus beaux canyons d’Europe, avec des passages magnifiques. Si magnifiques que je ne m’arrête pas de filmer et … en perds mon caméscope … Il doit être quelque part au fond d’une vasque. Avis aux plongeurs !
N’ayant pas oublié que notre petit village de Chiusaforte est également aux portes de l’Autriche, nous décidons que le canyon de demain sera Frauenbach, le plus beau canyon autrichien.

Samedi 8 : Nous nous levons tôt pour nous rendre en Autriche. Après un nombre infini de lacets, nous passons la frontière et débouchons dans une vallée typiquement autrichienne. Nous nous attendons à croiser Heidi dans ses prairies, mais sans résultat. En revanche, le canyon est bel et bien là. Le soleil aussi d’ailleurs. Il fait chaud et l’heure de marche d’accès est douloureuse. Le début ne paye vraiment pas de mine : un pauvre éboulis sur lequel coule un épais ruisseau. Finalement, le canyon est intéressant avec une succession de belles cascades arrosées (dont un mini-geyser) et de jolies vasques creusées. Bien belle journée pour notre première virée en Autriche.

Dimanche 9 : Pour le dernier jour à ce rassemblement, nous allons faire Prealba. Un canyon qui semble sans prétention, mais qui finalement n’est pas si mal du tout ! Il offre de très beaux passages, avec des vasques vert émeraude, typiques du secteur, qui appellent au saut. Une magnifique cascade de trente mètres constitue le clou de la descente. Après pas mal de marche, pensant être à la fin du canyon, Fred et moi enlevons nos baudriers et notre veste néoprène. C’est vrai que nous nous sentons mieux. Nous tentons d’éviter tant bien que mal certaines vasques glaciales, pour finalement, une fois trempés, remettre notre équipement pour les derniers rappels qu’on avait oubliés ! Le retour se fait dans la douleur, dans un interminable chaos de blocs.
De retour au camp, nous constatons que celui-ci s’est vidé et qu’il ne reste plus que quelques tentes éparpillées. Nous plions bagages et prenons le route vers Belluno pour notre deuxième semaine.

Deuxième partie : camp à Belluno

Nous arrivons dimanche soir au camping proche de Belluno, situé au bord du lac. Joli cadre et très bien situé pour les canyons ! Nous nous installons et allons goûter une pizza au restaurant du camping.

Lundi 10 : La météo étant incertaine (goutes passagères annoncées), nous décidons de faire deux petits canyons : val Piero et val Molin. A cette occasion, nous fusionnons avec un groupe de marseillais. Nous prenons quelques gouttes dans les marches d’approche et dans les canyons, mais rien de quoi nous inquiéter. Ceux-ci sont courts et d’une esthétique moyenne, mais avec un ou deux passages valant le coup.

Mardi 11 : Après la pluie de la veille, nous prenons la route pour gole del Sofia, un des dix plus beaux canyons d’Europe. Craignant pour le débit, nous allons vérifier le débit à l’arrivée. Un aménagement touristique nous permet d’accéder aux cascades finales. Et là, nos avis sont unanimes. Sans pour autant être l’apocalypse, le niveau d’eau est très élevé et nous décidons de reporter cette descente à demain. Il nous reste le temps d’aller vers un canyon peu connu dont un ami nous a dit du bien: val Magiorre. Nous décidons d’essayer. Le début ne paye pas de mine, on se croirait dans un jardin et c’est plein de végétation. Mais il finit par s’encaisser un peu et finalement, c’est assez original avec une roche peu courante et des passages très étroits (50cm de large !).
Le soir, nos amis grecs nous préparent un succulent repas, avec tzatsiki, salade au choux, oignon et citron, poulet cuisiné et parfumé… c’est délicieux !

Mercredi 12 : Deuxième tentative pour gole del Sofia. Le débit est encore important mais le niveau a un peu baissé et on se lance. Une voiture monte les kits et quelques uns d’entre nous, tandis que les plus courageux montent à pieds jusqu’au départ. C’est une belle course, de l’eau à volonté, des belles cascades et du soleil. A l’arrivée, on voit la voiture de notre ami suisse Jean Zahn et on lui laisse un petit mot. Que le monde est petit !

Jeudi13 : Aujourd’hui encore, un canyon d’envergure nous attend : val del Clusa. Après une bonne heure de marche d’approche on découvre un niveau d’eau très élevé et on hésite vraiment à se jeter dedans. Seul Yannis est motivé et souhaite y aller. Puis, finalement, l’effet de groupe jouant, nous décidons d’y aller tous, Yannis nous promettant d’installer des rappels guidés si nécessaires. Nous nous équipons, pas très rassurés tout de même. La descente est de toute beauté, et le canyon est complet : débit, verticales, magnifiques vasques, ambiances sombres, technique, ludique, … Nous restons vigilants à cause du débit et tout se passe bien jusqu’à ce qu’on arrive en haut d’une cascade qui fait un coude. A cet instant, nous ne voyons pas comment passer. C’est vraiment impressionnant. La pression monte dans le groupe. Yannis, en queue de groupe, nous rejoint, puis part installer un guide et un relais. Il nous fait passer un par un. Ouf ! La suite ne nous pose pas de problème particulier mais nous décidons de sortir au niveau du barrage pour rejoindre le chemin de l’approche.

Vendredi 14 : Nos amis grecs nous quittent, car ils doivent prendre l’avion demain à Venise. Nous ne sommes plus que cinq. Comme nous devons nous aussi prendre la route le soir, nous nous orientons pour aujourd’hui vers un petit canyon. Mais il s’agit d’un véritable bijou : Maor. Avec un encaissement extraordinaire dans une roche en strates rouges, il est court, très étroit et profond. Malgré l’absence d’obstacle, nous sommes totalement envoutés par ce canyon, subjugués par sa rare beauté. Dommage qu’il soit si sombre et que les photos soient souvent impossibles à prendre…
Le soir, nous prenons le chemin du retour à Lyon. Nous nous arrêtons sur les hauteurs du lac de Garde pour un bivouac près du départ du canyon d’Albola.

Samedi 15 : Au réveil, la vue est magnifique, plongeante sur le lac. Le dernier canyon est donc rio Albola. Une marche d’approche bien raide nous amène au départ. La descente est rapide, plaisante avec beaucoup d’eau. Nous sortons tôt et apercevons tous les groupes qui montent avec les guides.
Mon anniversaire est fêté rapidement mais avec cœur et puis chacun reprend la route de son côté…



Anne-Claire et Boris Sargos


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lundi 20 avril 2009

Cap Vert : RIC du 4 au 18 avril 2009


Participants vulcains : Josiane et Bernard Lips, Nathalie Duverlie, Yves Daniou, Anne-Claire et Boris Sargos.

L’Afrique, dernier continent exploré par les canyonistes invétérés, nous a ouvert ses portes lors du 8ème Rassemblement International de Canyoning organisé sur l’île de Santantao, au Cap Vert. Cet archipel constitué d’une dizaine de petites îles porte assez mal son nom, car la sécheresse s’est octroyé tout le territoire, à l’exception du versant nord de l’île de Santantao. Celui-ci, avec ses hauts reliefs (1979 m), capte l’humidité des nuages venus du nord et la redistribue péniblement aux habitants à travers de profonds canyons.
L’intérêt de pratiquer le canyoning dans cette région subtropicale ne réside donc pas dans les débits sportifs, mais plutôt dans l’originalité des paysages, essentiellement désertiques, mais abritant des vallées de cultures en étage de bananiers, caféiers ou autres végétations exotiques. Des paysages abrupts toujours finement découpés dans la roche volcanique, qui, de leurs plus hauts sommets, plongent brutalement dans l’océan atlantique.
C’est pour cette raison que 58 participants de 10 nationalités différentes (dont 24 Français) se retrouvent pour une à deux semaines de canyon à Porto Novo, capitale de Santantao.
L'organisation du RIC au Cap-Vert a été mise en place par Eduardo Gomez et a été quasi parfaite avec un hôtel 4 étoiles pour le prix d'un gîte en France, des soirées musicales tous les soirs et des minibus pour nous amener et nous chercher dans les canyons.

Vendredi 3 avril : le départ de Lyon – Se rendre à Santantao n’est pas chose aisée. Le voyage dure près de 24 heures.
Nous quittons Lyon en fin d’après-midi par un vol nous emmenant à Lisbonne, passage obligé pour le Cap Vert. Après deux heures d’attente, nous redécollons en direction de Praia, capitale du Cap Vert. Nous y arrivons vers 1 h, heure locale (5 h en France). Nous nous installons plus ou moins confortablement (plutôt moins que plus) sur des bancs dans l’aéroport pour nous reposer un peu.

Samedi 4 avril : la traversée du Cap Vert - Notre troisième avion décolle à 7 h du matin pour nous véhiculer jusqu’à l’île de Sao Vicente. Nous profitons de la demi-journée dont nous disposons avant de prendre le ferry pour faire un tour en ville, visitant le centre ville, le marché aux poissons et la place centrale. Après un bon repas, nous prenons le bateau pour une heure de traversée ponctuée de vomissements des capverdiens ayant globalement peu le pied marin. Sur place, Eduardo (organisateur de cette édition du RIC 2009), nous attend au port et nous conduit à l’hôtel.
Celui-ci est situé entre montagne et bord de mer, à cinq minutes en voiture de Porto Novo, sur la côte sud-est de Santo Antao. Tout autour, le paysage y est particulièrement désertique. Nous n’avons guère le courage de bouger et nous couchons aussitôt après le dîner.

Dimanche 5 avril : Ribeira de Gi - Après une bonne nuit, lever difficile vers 7 h. A la table du petit déjeuner, nous retrouvons nos amis habitués du RIC et entamons de longues discussions. Pour cette première journée, et sur l’idée du « Commandante », nous décidons de nous joindre au groupe constitué d’une trentaine de personnes pour un petit canyon de découverte du pays : Ribeira de Gi.
Deux heures de trajet nous font traverser l’île vers la côte nord-ouest. Nous passons un col à 1200 m d’altitude, traversant une belle forêt de pins. C’est une partie de l’île qui se retrouve très fréquemment dans un brouillard très dense. La descente vers la côte est spectaculaire, la route étant creusée sur une arête bordée des deux cotés par des vides impressionnants de plusieurs centaines de mètres. A partir de Ribeira Grande, nous suivons la côte vers le nord-est. De fait, après deux heures de route, nous ne sommes qu’à une vingtaine de kilomètres de Porto Novo mais la route côtière directe ne sera inaugurée que dans quelques semaines…

Nous démarrons, à partir de la sortie du canyon, la marche d’approche en une impressionnante file. Un bon sentier nous mène en une heure au départ du canyon dans une petite bananeraie. Le canyon est très court (5 verticales dont la plus grande de 18 m) mais très original : le moindre replat est cultivé et nous progressons au milieu des macabos, bananiers, papayers et autres cultures, plantés en terrasses ou au fond même du canyon.
Nous profitons de l’attente des navettes pour déambuler dans le minuscule village de bord de mer et nous baigner dans la mer. Nous terminons l’après-midi dans la piscine de l’hôtel. Vers 19 h, nous assistons à l’inauguration du RIC avec un discours du représentant du ministère du tourisme.

Lundi 6 avril : Tapume de Verissimo – A l’invite de Marc Boureau, nous joignons son groupe et nous retrouvons vers 8h30 à 14 dans le minibus qui part pour Tapoume.
Arrivés au col, nous prenons une longue piste vers le sud et nous nous arrêtons au terminus. Une vingtaine de minutes de marche d’approche nous amène à l’entrée du canyon. Il est sec et démarre par de petits ressauts puis quelques puits plus importants pour déboucher sur une belle et impressionnante verticale de 100 m. Du fait de notre nombre, la descente de cette cascade, avec un relais au milieu et des risques importants de chutes de pierre, nous prend pas mal de temps. Encore deux puits dans une partie plus encaissée et nous pensons être à la fin du canyon. Mais il manque visiblement une page dans le topoguide.
Alors que le groupe essaie de prendre des repères et comprendre où nous sommes, Bernard se fait frapper par son descendeur sur la cuisse, lors de la glissade d’un petit toboggan. Il continue tant bien que mal la descente. Après deux cascades importantes, de nombreuses désescalades et une assez longue marche dans les cultures (avec quelques superbes paysages), nous arrivons à la fin du canyon après environ 6 h 30 de descente.
Retour à l’hôtel vers 19 h 30. Dîner vers 20 h 30 et coucher tôt.

Mardi 7 avril : Vinha inférieur – Nous démarrons vers 8 h pour faire le canyon de Vinha. Bernard, encore blessé, décide de se reposer. Josiane reste près de lui. Commençant à être attaqué par une sévère tourista, je persuade facilement de scinder le groupe de français en deux : un qui fera l’intégrale, et l’autre, la partie basse. Nous rejoignons celle-ci par un superbe sentier aux innombrables marches dominant le canyon et même une bonne partie de la vallée. Le canyon coule (un petit filet d’eau) mais l’eau, traversant les incroyables inaccessibles cultures tropicales, est marron et odorante. La descente présente cependant un charme certain, dû à son abondante et surprenante végétation. Un des plus beaux canyons de l’île.

Mercredi 8 avril : Praia Lisboa - Petit déjeuner à 7 h comme d’habitude. Finalement, après quelques hésitations, l’équipe décide de faire un petit canyon : le canyon de Praia Lisboa. Malgré son handicap, Bernard décide de se joindre à nous. Jacqueline et ses disciples se mêlent également à nous. Nous partons assez tardivement (normal avec Jacqueline) et sommes 17 passagers dans la camionnette (sans compter le chauffeur).
Arrivés au départ du canyon, près du village côtier de Ponta del Sol nous nous séparons en deux groupes. Toujours sous l’effet tourista, je ne m’engage avec l’équipe de Jacqueline que dans la partie inférieure, sèche et attaquée par un soleil de plomb. Le canyon est court mais joli, avec de superbes échappées vers le village de Ponta del Sol Arrivés sur la plage de sable noir, nous nous baignons un peu puis rejoignons le village vers 16 h. Nous y arrivons en même temps que le bus. Retour à l’hôtel vers 17 h 30. Deux heures plus tard, nous partons dîner en ville. Boris n’est pas très en forme et reste à l’hôtel sans dîner.

Jeudi 9 avril : Neve – Alors que je reste avec Josiane à l’hôtel (tourista oblige), le reste du groupe part pour Neve, accompagné d’Evan, Tom, Andreas et Juan. Après un début de marche d’approche dans un brouillard dense, un long sentier descend joliment dans la montagne. Le paysage est magnifique. Après un bref casse-croûte le groupe attaque le canyon par la belle C60. La suite est globalement très belle et très esthétique, avec quelques vasques remplies d’eau. Au sommet de la cascade de 250 m le groupe rattrape l’équipe d’Eduardo, partie de l’hôtel deux heures auparavant.
Après une longue attente, Evan descend en premier, suivi de Bernard. Le premier tronçon de 30 m est arrosé et les parois sont glissantes. Au relais, à la demande d’Evan, Bernard passe devant. Au deuxième relais, Bernard installe son descendeur lorsqu’Evan arrive. Il se redresse pour enlever ses longes et se reposer sur son descendeur… pour s’apercevoir avec horreur que le descendeur est sorti du mousqueton … à 120 m du sol ! Maintenu à bout de bras par Evan, il parvient à se relonger. Après avoir recouvré ses esprits, il continue la descente sans problème (deux verticales de 60 m qui restent).
Puis le reste de l’équipe descend à son tour et déséquipe. Après une heure de marche, le groupe atteint le village. Au passage, certains auront profité d’une séance de distillerie pour acheter du grogue.

Vendredi 10 avril : Cabouco de Peregrina – Alors que Josiane, alléchée par la description de Bernard décide de faire Neve avec Marc et son équipe, Bernard choisit de nous accompagner à Cabouco de Peregrina, ainsi qu’un couple de suisses et un couple d’italiens. Le départ du canyon est assez proche de l’hôtel. Nous y sommes vers 9h. Celui-ci est sec avec quelquesbelles verticales de 40 m et nous arrivons dans la vallée (550 m de dénivelé) vers 13 h. Nous profitons de la sortie précoce et de la navette pour aller déguster un A l’hôtel, lors de l’apéro, nous apprenons que dans la descente de la cascade terminale de Neve, un espagnol s’est trouvé mal et a descendu le premier tronçon de 60m la tête en bas. C’est Marc qui, intervenu du haut par balancier, a pu le secourir et le mouliner jusqu’en bas.
Le soir, c’est la fête. Les capverdiens, très croyants, ne passent pas à côté de Pâques et nous offrent un spectacle musical et dansant aux couleurs locales.

Samedi 11 avril : Esdrougal - Je me sens mieux. J’emporte quand même un rouleau de papier toilette rejoins l’équipe pour le canyon d’Esdrougal. Deux espagnols nous accompagnent, mais Bernard et Josiane restent à l’hôtel.
La marche d’approche est le prolongement de celle de Tapoume. Malgré un léger brouillard, le paysage est superbe. Ce canyon a le même profil que son voisin, mais avec plus de caractère. Plus creusé et plus vertical, ses couleurs sont également plus vives. Nous retrouvons l’eau à mi-parcours. Ce sera encore l’occasion de traverser de magnifiques cultures. Cette fois, à la confluence avec Tapoume, nous ne prenons pas le sentier de sortie, mais continuons dans le ruisseau. Cette portion porte désormais le nom de Taïef, et comporte certainement les plus beaux passages de l’île. On se mouille vraiment, avec même quelques cascades arrosées !
Nous rentrons tard (après 20 h ) et dînons à l’hôtel.

Dimanche 12 avril : Ribeira de Mesa de Poyo - Petit déjeuner à 7 h et, après quelques hésitations et discussions, nous décidons de faire Poyo, un des rares canyons situés sur le versant sud de l’île, donc très sec et très ensoleillé. Il est également très long (15 km), au point de déboucher sur Porto Novo ! Nous démarrons la marche d’approche vers 9 h 30. Dès la première cascade les goujons sont arrachés mais nous savons que nous pouvons court-circuiter par un bon sentier. Le même problème se pose dans la deuxième cascade. Nous contournons difficilement en passant par de vieilles terrasses et perdons plus d’une demi-heure. Nous retrouvons le bas du canyon et descendons un ressaut de 4 m, qui se remonte en escalade. Là encore il manque la plaquette. Deux cents mètres plus loin nous arrivons au sommet d’une verticale de 25 m. Les goujons ont été martelés. Le sabotage doit être récent puisqu’une équipe a fait le canyon il y a trois jours. Nous décidons d’abandonner et de remonter et nous sommes de retour sur la route vers 14 h.
Un minibus nous prend au passage (200 escudos par personne) et nous arrivons à l’hôtel avant 15 h. Reste de l’après-midi tranquille avec baignade dans la piscine. Le soir, Nathalie fête ses 39 ans et tous vont boire une bouteille sur la plage avant de dîner en ville. Moi, je préfère cuver ma tourista dans mon lit.

Lundi 13 avril : Vinha intégral – Incapable de me lever, je laisse le groupe partir de nouveau dans Vinha. Jean, Wolfgang et Andreas viennent gonfler les rangs.
La marche d’approche débute vers 9 h 30. Le canyon démarre par une verticale de 80 m. Dans la verticale suivante, Jean coince la corde et le groupe perd beaucoup de temps à la récupérer (c’est Nathalie qui remonte). Le canyon présente des paysages magnifiques, aussi bien dans les verticales souvent importantes, que dans les zones de culture. A leur retour, Anne-Claire fait venir un médecin. Je parviens difficilement à me faire comprendre (je me rends compte qu’il est loin d’être évident de décrire de quoi on souffre en anglais), mais le jeune médecin semble comprendre et me prescris une ordonnance qui s’avèrera diablement efficace le soir-même.

Mardi 14 avril : balade à Alto Mira – Encore à plat, je reste à l’hôtel, alors que le groupe accompagné des deux allemands décide de faire une balade du côté d’Alto Mira (randonnée n° 304 sur la carte), vers l’ouest de l’île. La randonnée démarre d’Alto Mira puis en descend dans une profonde vallée. Les paysages sont magnifiques. Une longue et raide remontée ramène à un petit col. Puis le chemin change de vallée pour remonter à l’intersection de la route. La ballade a duré un peu plus de 4 h (donnée pour 3 h). Nathalie et Bernard font un détour pour aller observer une distillerie de grogue.
Après un quart d’heure d’attente, un taxi de passage ramène tout le monde à Porto Novo. Là, c’est repos, baignade dans la piscine et ping-pong. Nous louons un 4x4 pour le lendemain pour faire un tour dans le sud-ouest de l’île.

Mercredi 15 avril : Tope de Correa - Nous récupérons notre voiture de location vers 8 h 30. Nous nous arrêtons souvent sur la route magnifique pour faire des photos. Nous repassons par Cha de Morte puis descendons vers Ribeira de Cruz. Les paysages sont fantastiques. Nous remontons sur le plateau et avons quelques difficultés à trouver, dans le brouillard, le chemin vers le point culminant, Tope de Correa. Mais le brouillard se lève. Avec Anne-Claire et Nath, je monte au sommet du volcan à 1982 m d’altitude. De là-haut, la vue est magnifique. Vers le nord, nous dominons une épaisse mer de nuage, alors que dans les autres directions, nous apercevons cratères et sommets, dont les formes adoucies et les couleurs chatoyantes contrastent avec ce que nous avons pu voir sur le reste de l’île.
Nous revenons à Porto Novo vers 18 h 30 par la route du sud. Le soir nous dînons à l’hôtel avec Andréas et Wolfgang.
Yves a parcouru le canyon d’Endriano avec une équipe de Belges. Il en est ressorti vers 16 h 30.

Jeudi 16 avril : Caldeira de Cova - Nous décidons de refaire une randonnée. Nos deux allemands viennent avec nous. Nous prenons un taxi à partir de l’hôte et partons vers 8 h 30. Le minibus nous dépose près de la Caldeira de Cova. Nous sommes, comme toujours dans cette zone, en plein brouillard. Nous contournons le cratère puis descendons, toujours dans le brouillard, un magnifique sentier construit en flanc de falaise. Nous finissons au bout de plus d’une heure à déboucher sous les nuages dans la vallée menant à Pombas. Dans les villages, notre rythme se ralentit entre boissons, distillation de grogue, photos de jardins, d’enfants etc. Nous nous arrêtons vers 13 h dans un restaurant tenu par un Autrichien. Il nous reste 300 m de descente et quelques cinq kilomètres à parcourir dans une magnifique vallée verdoyante. Nous arrivons à Pombas en bord de mer peu avant 17 h… et y croisons notre minibus à l’heure au rendez-vous. Retour à l’hôtel vers 18 h 30. Nous dînons à l’hôtel.

Vendredi 17 avril : canyon de Lagados - Josiane décide de rester à l’hôtel pour notre dernière journée. Nathalie, Anne-Claire et Yves partent au port pour prendre un minibus qui les conduit à Ponte del Sol et ils font une balade vers le village de Fontanas.
Beranrd et moi partons avec Andreas et Wolfgang pour faire un canyon sec (et sans cordes) près de Lagados. Un taxi nous y dépose vers 9 h 15 et nous descendons dans le canyon. Ce canyon, véritable entaille en plein cœur d’un désert de cailloux et de sable, est un long défilé sec et sinueux. Le soleil ardent qui y pénètre necesse de jouer avec les couleurs ocres de la pierre sableuse. De magnifiques estrechos octroient à cette balade un caractère unique et inoubliable. Nous passons une heure plus tard sous le pont de la route puis arrivons à la sortie de canyon à 500 m de l’océan vers midi. Wolfgang fait demi-tour tandis que nous poussons jusqu’à l’océan qui est très agité à cause d’un vent violent. Il nous reste à revenir vers la route en traversant un plateau caillouteux et aride. Nous sommes de retour à l’hôtel vers 14 h. Après-midi repos puis un peu de piscine. Le soir nous dînons en ville.

Samedi 18 avril : le retour - Nous terminons de préparer nos sacs, puis un minibus nous conduit au port vers 9 h 30. Nous débarquons vers 11 h 30 sur Sao Vicente. Nous déposons nos sacs au restaurant puis les divers groupes font un tour en ville, revisitant le marché aux poissons et le marché touristique. Nous déjeunons ensemble vers 14 h. Nous assistons, du restaurant, à un show aérien de la « patrouille portugaise ». Vers 16 h, un taxi nous amène à l’aéroport. Mais l’avion est décalé et nous attendons jusqu’à 22 h 30 le décollage pour Praia. L’avion pour Lisbonne est également en retard et nous redécollons vers 2 h du matin.

Dimanche 19 avril : Lisbonne - Nous arrivons à Lisbonne vers 8 h… en retard pour notre avion pour Lyon. De toute manière, celui-ci a été annulé pour cause de grève. Lisbonne est paralysé depuis plus de deux semaines par des grèves vers la France et c’est un peu la panique.
Finalement Anne-Claire et moi partons vers 11 h 30 pour Bruxelles et arrivons à Lyon vers 16 h 30. Le reste de l’équipe décolle vers 16 h pour Madrid et nous arrive à Lyon vers 19 h 40. Bien entendu aucun bagage n’a suivi. Nous les récupérons deux jours plus tard.


Bernard Lips et Boris Sargos

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