samedi 15 août 2009

Pélerinage dans les Dolomites du Frioul (du 1er au 16 août 2009)


Première partie : Rassemblement italien à Chiusaforte

Vendredi 31 juillet : Anne-Claire et moi partons de Lyon le soir en camping-car. Nous couchons au col du petit Saint-Bernard, sous une nuit étoilée et bien fraîche.

Samedi 1er : Le lendemain, nous traversons tout le nord de l’Italie et arrivons à Chiusaforte vers 17h. Nous sommes les premiers Français. Le soir, nous dînons sous le chapiteau du rassemblement, et retrouvons des amis Italiens, Suisses, Français …

Dimanche 2 : Avec Stéphane et Eric, nous nous levons à 5h pour faire Vielia, côté comme un des plus beaux du secteur. Deux heures de route et trois heures de marche nous amènent au départ du canyon, situé au bout d’un très beau plateau aux confins de la vallée. La descente est composée de quatre parties entrecoupées de longues marches dans les blocs glissants. Le début n’est pas intéressant et nous perdons une heure et demie à rééquiper la grande cascade, faute de points. Mon genou fatigue, et très vite je dois m’arrêter. Après quatre heures dans le canyon et sans avoir vraiment vu de jolis passages, je décide de sortir (c’est la fin de la première partie). Les autres me rejoignent trois heures plus tard, à la fin de la troisième partie, sans avoir le sentiment d’avoir parcouru un beau canyon. Le retour à la voiture se fait en une heure. Pour moi c’est plus long, et surtout plus douloureux.
Le soir, nous retrouvons les Français, arrivés en masse. C’est l’occasion de discuter et former des groupes. La météo annoncée étant assez sévère pour le lendemain, nous ne prévoyons rien.

Lundi 3 : La météo est épouvantable. Il a plu toute la nuit, et dès le matin, les orages grondent. Il sauce fort. J’en profite pour reposer mon genou et manger une pizza dans un village voisin. Le soir, c’est belote au camping-car.

Mardi 4 : La météo est incertaine. Nous tentons un petit canyon à côté du camp, Frondizzon. Nous sommes une large dizaine. Une fois arrivés au départ du canyon, Ivan s’aperçoit qu’il a oublié son portefeuille sur le capot de sa voiture ! Il décide de remonter et de faire le canyon tout seul … Nous, nous descendons, sous l’impulsion de Chris qui prend les choses en main d’emblée. Une belle descente bien encaissée nous attend, avec une partie totalement noire. Au bout de deux heures, nous sommes aux voitures. Ivan nous rejoint une demi-heure après.
Entre-temps, le ciel s’est dégagé. Nous décidons de faire Lavarie, canyon situé à côté du nôtre. Au parking amont, il y a beaucoup de véhicules. Ce qui semble indiquer un grand nombre de personnes dans le canyon. Tant pis, après avoir vérifié qu’Ivan a bien rangé ses papiers, on y va ! Après une très agréable heure de descente dans un canyon bien sculpté, nous rejoignons une masse de personnes agglutinées autour d’une belle vasque. Il y a un rappel « technique » avec une déviation à franchir, et c’est la queue ! Nous apprenons qu’il y a en fait trois groupes devant nous. Alors que nous sommes à trois cascades de la fin, nous mettons plus de deux heures pour sortir du canyon !
Le soir, c’est repas à la pizzeria du village.

Mercredi 5 : Après la forte pluie d’il y a deux jours, nous pensons qu’il est intéressant de parcourir Cuestis, un canyon habituellement à petit débit (voire sec). Nous nous levons vers 7h pour nous rendre sur place à 8h30. Malheureusement, le parking est déjà plein. N’ayant pas envie de réitérer la mésaventure de la veille, nous reprenons la route et partons pour Novarzza-Lumiei. Nous sommes quatorze. Après une courte marche d’approche (une demi-heure), nous entrons dans le canyon de Novarzza par une falaise se descendant par un rappel sec d’une centaine de mètres. En bas, le canyon est un couloir bien creusé, mais sec. Nous croisons un névé, d’assez grosse taille, mais facilement contournable. Les cascades s’enchaînent, et l’eau coule peu à peu. Nous arrivons à la confluence avec le Lumiei. C’est un spectacle magnifique. Du haut de notre cascade de vingt mètres, nous dominons le collecteur avec ses roches rouges et vertes et son eau turquoise. Nous descendons et progressons dans cette extraordinaire ambiance. Puis le canyon s’encaisse et rapidement, la lumière se perd. Quelle ambiance ! Une heure de marche termine la balade. Nous rejoignons les voitures en une demi-heure.

Jeudi 6 : Après avoir entendu beaucoup de bien de Cuestis, nous sommes vraiment très motivés pour le faire ! Nous nous levons donc très tôt (6h) pour ne pas faire comme la veille. Le canyon commence gentiment, dans de l’eau très froide. Il s’encaisse peu, mais propose vers la fin deux belles verticales, dont la descente de l’une se fait en traversant un large arc-en-ciel. Au passage, nous avons récupéré une corde de 70 mètres, laissée en fixe par un précédent groupe. Nous avons également été rattrapés par un impressionnant groupe d’italiens qui sautaient toutes les cascades de moins de trente mètres !
Après ce sympathique canyon, il nous reste encore pas mal de temps. Le temps d’aller faire un court canyon dont on nous a dit beaucoup de bien : Foce. Dans un secteur situé à une heure de route du camp, le paysage est différent. Le canyon est une faille qui coupe finement la montagne très boisée. Durant l’accès pédestre, nous allons faire un petit tour dans une résurgence, sans rien voir d’intéressant. La descente du canyon est spectaculaire. Ici point de saut ou rappel, mais une ambiance incroyable. Parfois large comme mes épaules, et profond d’une large vingtaine de mètres, l’atmosphère est quasi spéléo. Cette délectation est malheureusement de courte durée (à peine plus d’une heure) car le canyon se termine rapidement à la confluence avec un plus gros torrent où la grève est aménagée en plage pour les touristes.

Vendredi 7 : la météo devient stable. Nous en profitons pour faire un canyon de réputation internationale : le Rio Simon. Nous nous levons tôt et partons pour un village assez proche, dans lequel nous nous garons discrètement. Plus de deux heures de marche interminable et souvent aérienne nous amènent au départ du canyon. Le débit est parfait.La première partie comporte beaucoup de marche et peu d’obstacles intéressants mais reste esthétique. La suite, en revanche est digne des plus beaux canyons d’Europe, avec des passages magnifiques. Si magnifiques que je ne m’arrête pas de filmer et … en perds mon caméscope … Il doit être quelque part au fond d’une vasque. Avis aux plongeurs !
N’ayant pas oublié que notre petit village de Chiusaforte est également aux portes de l’Autriche, nous décidons que le canyon de demain sera Frauenbach, le plus beau canyon autrichien.

Samedi 8 : Nous nous levons tôt pour nous rendre en Autriche. Après un nombre infini de lacets, nous passons la frontière et débouchons dans une vallée typiquement autrichienne. Nous nous attendons à croiser Heidi dans ses prairies, mais sans résultat. En revanche, le canyon est bel et bien là. Le soleil aussi d’ailleurs. Il fait chaud et l’heure de marche d’accès est douloureuse. Le début ne paye vraiment pas de mine : un pauvre éboulis sur lequel coule un épais ruisseau. Finalement, le canyon est intéressant avec une succession de belles cascades arrosées (dont un mini-geyser) et de jolies vasques creusées. Bien belle journée pour notre première virée en Autriche.

Dimanche 9 : Pour le dernier jour à ce rassemblement, nous allons faire Prealba. Un canyon qui semble sans prétention, mais qui finalement n’est pas si mal du tout ! Il offre de très beaux passages, avec des vasques vert émeraude, typiques du secteur, qui appellent au saut. Une magnifique cascade de trente mètres constitue le clou de la descente. Après pas mal de marche, pensant être à la fin du canyon, Fred et moi enlevons nos baudriers et notre veste néoprène. C’est vrai que nous nous sentons mieux. Nous tentons d’éviter tant bien que mal certaines vasques glaciales, pour finalement, une fois trempés, remettre notre équipement pour les derniers rappels qu’on avait oubliés ! Le retour se fait dans la douleur, dans un interminable chaos de blocs.
De retour au camp, nous constatons que celui-ci s’est vidé et qu’il ne reste plus que quelques tentes éparpillées. Nous plions bagages et prenons le route vers Belluno pour notre deuxième semaine.

Deuxième partie : camp à Belluno

Nous arrivons dimanche soir au camping proche de Belluno, situé au bord du lac. Joli cadre et très bien situé pour les canyons ! Nous nous installons et allons goûter une pizza au restaurant du camping.

Lundi 10 : La météo étant incertaine (goutes passagères annoncées), nous décidons de faire deux petits canyons : val Piero et val Molin. A cette occasion, nous fusionnons avec un groupe de marseillais. Nous prenons quelques gouttes dans les marches d’approche et dans les canyons, mais rien de quoi nous inquiéter. Ceux-ci sont courts et d’une esthétique moyenne, mais avec un ou deux passages valant le coup.

Mardi 11 : Après la pluie de la veille, nous prenons la route pour gole del Sofia, un des dix plus beaux canyons d’Europe. Craignant pour le débit, nous allons vérifier le débit à l’arrivée. Un aménagement touristique nous permet d’accéder aux cascades finales. Et là, nos avis sont unanimes. Sans pour autant être l’apocalypse, le niveau d’eau est très élevé et nous décidons de reporter cette descente à demain. Il nous reste le temps d’aller vers un canyon peu connu dont un ami nous a dit du bien: val Magiorre. Nous décidons d’essayer. Le début ne paye pas de mine, on se croirait dans un jardin et c’est plein de végétation. Mais il finit par s’encaisser un peu et finalement, c’est assez original avec une roche peu courante et des passages très étroits (50cm de large !).
Le soir, nos amis grecs nous préparent un succulent repas, avec tzatsiki, salade au choux, oignon et citron, poulet cuisiné et parfumé… c’est délicieux !

Mercredi 12 : Deuxième tentative pour gole del Sofia. Le débit est encore important mais le niveau a un peu baissé et on se lance. Une voiture monte les kits et quelques uns d’entre nous, tandis que les plus courageux montent à pieds jusqu’au départ. C’est une belle course, de l’eau à volonté, des belles cascades et du soleil. A l’arrivée, on voit la voiture de notre ami suisse Jean Zahn et on lui laisse un petit mot. Que le monde est petit !

Jeudi13 : Aujourd’hui encore, un canyon d’envergure nous attend : val del Clusa. Après une bonne heure de marche d’approche on découvre un niveau d’eau très élevé et on hésite vraiment à se jeter dedans. Seul Yannis est motivé et souhaite y aller. Puis, finalement, l’effet de groupe jouant, nous décidons d’y aller tous, Yannis nous promettant d’installer des rappels guidés si nécessaires. Nous nous équipons, pas très rassurés tout de même. La descente est de toute beauté, et le canyon est complet : débit, verticales, magnifiques vasques, ambiances sombres, technique, ludique, … Nous restons vigilants à cause du débit et tout se passe bien jusqu’à ce qu’on arrive en haut d’une cascade qui fait un coude. A cet instant, nous ne voyons pas comment passer. C’est vraiment impressionnant. La pression monte dans le groupe. Yannis, en queue de groupe, nous rejoint, puis part installer un guide et un relais. Il nous fait passer un par un. Ouf ! La suite ne nous pose pas de problème particulier mais nous décidons de sortir au niveau du barrage pour rejoindre le chemin de l’approche.

Vendredi 14 : Nos amis grecs nous quittent, car ils doivent prendre l’avion demain à Venise. Nous ne sommes plus que cinq. Comme nous devons nous aussi prendre la route le soir, nous nous orientons pour aujourd’hui vers un petit canyon. Mais il s’agit d’un véritable bijou : Maor. Avec un encaissement extraordinaire dans une roche en strates rouges, il est court, très étroit et profond. Malgré l’absence d’obstacle, nous sommes totalement envoutés par ce canyon, subjugués par sa rare beauté. Dommage qu’il soit si sombre et que les photos soient souvent impossibles à prendre…
Le soir, nous prenons le chemin du retour à Lyon. Nous nous arrêtons sur les hauteurs du lac de Garde pour un bivouac près du départ du canyon d’Albola.

Samedi 15 : Au réveil, la vue est magnifique, plongeante sur le lac. Le dernier canyon est donc rio Albola. Une marche d’approche bien raide nous amène au départ. La descente est rapide, plaisante avec beaucoup d’eau. Nous sortons tôt et apercevons tous les groupes qui montent avec les guides.
Mon anniversaire est fêté rapidement mais avec cœur et puis chacun reprend la route de son côté…



Anne-Claire et Boris Sargos


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