Du mercredi 17 au dimanche 28 février
La Sardaigne ... Grande sœur de notre magnifique Corse, elle ne jouit pas d'autant de prestige, mais propose en contrepartie un caractère sauvage bien prisé des canyonistes aventuriers. Profitant d'un congé inattendu, Anne-Claire et moi décidons (après avoir longtemps tergiversé à cause de la météo catastrophique) de partir la semaine d'après pour un séjour de découverte des canyons sardes.
Mercredi 17 février - Les traversées au départ de Marseille ne sont pas fréquentes en cette saison et la seule date proposée de la semaine est le mercredi 17 février. Nous quittons donc Lyon sous la neige en début d'après-midi en camping-car. Le port étant en travaux, nous mettons beaucoup de temps à trouver la zone d'embarquement (le personnel portuaire marseillais, manifestement très occupé à ne rien faire, ne nous a guère aidé). Finalement, après plusieurs allers-retours et beaucoup de patience, nous trouvons notre bateau, puis entrons peu après en camping-car dans le cargo. Nous nous installons dans notre cabine et nous préparons à une nuit tranquille. Malheureusement, la houle devient rapidement forte et le mal de mer nous tient compagnie pendant toute la traversée.
Jeudi 18 février - Le lendemain matin, nous sommes brusquement réveillés à 5h30 au lieu de 8h30 comme prévu. Nous devons débarquer en catastrophe à Propriano en raison d'un "mouvement social" empêchant le bateau d'aller en Sardaigne. Nous reprenons la route avec le camping-car pour Bonifacio, où nous prenons un deuxième ferry, de taille plus modeste, pour parcourir la dizaine de kilomètres nous séparant de la Sardaigne. Nous débarquons finalement deux heures plus tôt que prévu, au nord de l'île. Le parc naturel étant situé au centre-est, nous devons traverser la moitié de la Sardaigne. Nous avons le temps de nous arrêter sur la côte et profiter d'un rayon de soleil que nous croyons inespéré et éphémère (la météo annonçait une semaine de pluie sur la Sardaigne). Nous arrivons en fin d'après-midi à Nuoro, où nous profitons de l'office de tourisme pour glaner quelques idées de balade ou autres formes de tourisme. Nous visitons rapidement la ville et gagnons le parc de la Supramonte, où nous trouvons, au coeur de la vallée de Lanaito un superbe endroit pour bivouaquer.
Vendredi 19 février - Réveil au chant des oiseaux, mais temps instable.
Samedi 20 février - Réveil très agréable ce vendredi. Il fait doux. Nous avons prévu un beau et long canyon : Pentumas, dont l'approche ne semble pas évidente à trouver. Nous emportons donc avec nous les deux topos de Jourdan et Caracal. Le chemin suggéré monte très raide droit dans la montagne. Afin d'économiser nos forces, nous faisons un petit détour en prenant la montagne par son flanc. Notre itinéraire ne passant pas loin d'un village Nurago, nous en profitons pour remonter le temps en visitant les vestiges de ce très vieux village. Puis la marche reprend, raide et en plein soleil. Nous traversons de magnifiques dalles en lapiaz très fin (à en être tranchant), à la recherche de "cuile". Nous devons en croiser trois avant de redescendre dans le vallon en contrebas. Au bout de près de deux heures, nous trouvons ce qui nous semble être un petit cuile. Nous continuons sur de vagues traces, que nous prenons pour le sentier. Bien entendu, les traces disparaissent assez rapidement, et le deuxième cuile devient difficile à trouver. Par chance, nous le trouvons près d'une heure plus tard. Nous pensons être proche de la fin. Il ne nous reste plus qu'à trouver le troisième cuile. Nous le cherchons. Longtemps. Sans le trouver. A priori nous avons dû trouver le premier et le troisième, sans passer par le deuxième. Alors nous revenons sur nos pas. Nous retrouvons difficilement le cuile que nous avons pris pour le deuxième, et suivons un reste de sentier qui remonte plein pot. Nous marchons une bonne demi-heure, jusqu'à tomber sur un mur. Manifestement, le canyon n'est pas là. Nous revenons donc au dernier cuile et cherchons un accès à un potentiel canyon. En vain. Cela fait maintenant plus de quatre heures que nous marchons. Nous décidons de faire demi-tour. Nous sommes au camion une heure et demie plus tard, déçus. Cette marche d'approche restera un mystère.
Il nous reste assez de temps pour aller visiter le château Nuraghe de Tiscali, construit sur les hauteurs de la vallée. Mais sans carte et sans indication, nous nous rendons vite compte que cela va être difficile. Armés de notre seul courage, nous prenons un chemin qui semble prendre la direction dudit château. Malheureusement, quelques centaines de mètres plus loin, un gros panneau indiquant "No Tiscali" brise notre illusion. Nous poursuivons néanmoins, espérant atteindre un joli point de vue. Finalement, nous nous arrêterons en face de l'entrée d'un canyon, peu après une bergerie troglodyte (et nauséabonde, il faut bien le dire). La balade, sous un vent acharné, est belle, même si l'objectif n'est pas atteint. Nous envisageons l'éventualité de nous lever de bonne heure le lendemain et de rejoindre le château par le versant sud, qui constitue l'accès classique. Nous prenons la route pour dormir au départ de ce chemin, situé au fond de la vallée en contrebas de Dorgali, la "grande" ville du parc. Nous nous y arrêtons d'ailleurs au passage, et parcourons ce qui n'est qu'un village, dans tous les sens à la recherche d'un restaurant. Nous nous rabattons finalement sur une sinistre pizzeria, de piètre qualité.
Nous dormons au bord du Flumineddu, bercés par ses flots tranquilles.
Dimanche 21 février - Le bivouac, situé au bord de l'eau, et vraiment très agréable.
Nous assistons à quelques danses à l’occasion du Carneval et dînons dans une pizzeria. Enfin, nous reprenons la voiture pour aller au lieu de bivouac testé la veille. Josiane et Bernard montent la tente, car de la pluie est annoncée pour la nuit.
Lundi 22 février - Il pleut effectivement un peu la nuit. Petit déjeuner et nous repartons vers 9 h en direction d’Urzulei, plus au sud. Nous y faisons difficilement quelques courses (les villages ont des rues étroites, les magasins sont minuscules et l’attente assez longue). Il est 11 h lorsque nous repartons. Le timing va être serré pour faire le canyon prévu : Bacu Esone. Nous plaçons le camping-car au débouché du canyon (10 km de petites routes) puis montons avec la Kangoo. Nous hésitons sur la piste à prendre et, après avoir roulé pendant une dizaine de kilomètres, apprenons que nous ne sommes pas sur le bon chemin. Il est décidément trop tard pour s’engager dans le canyon. Nous prenons le temps d’admirer le paysage et finissons par trouver le bon embranchement. La piste n’est pas très bonne et nous nous arrêtons avant le terminus indiqué sur le guide. Josiane décide de rester à la voiture pour continuer la correction de l’Echo des Vulcains. Bernard, Anne-Claire et moi partons repérer le départ pour demain. Il est finalement 16 h lorsque Anne-Claire et Bernard repèrent avec certitude le point de départ. Retour à la voiture vers 17 h passé.
La piste est vraiment mauvaise et Bernard patine dans une montée raide et défoncée. Nous bataillons pendant presque une heure pour refaire la piste et pour divers essais de passage. Finalement, à la nuit tombée, il finit par passer « en dynamique » en prenant pas mal d’élan : source d’impressions intéressantes mais stressantes. Nous revenons au camping-car la nuit vers 19 h. Le bivouac se fait sur place afin d'être rapidement prêt le lendemain. Après dîner, je monte la tente pour une nouvelle bonne et longue nuit. Josiane met en place son hamac mais elle intègre la tente vers minuit suite à un peu de pluie.
Mardi 23 février - Nous nous réveillons vers 7 h 30 et démarrons une heure plus tard en laissant le camping-car sur place. Après quelques photos de chevaux, de vaches et de cochons, nous laissons la Kangoo au départ de la piste difficile. Nous démarrons la marche d’approche vers 9 h 30 et rejoignons le début du canyon (Bacu Esone) en deux heures de marche agréable. Nous démarrons la descente vers midi. Le canyon est sec et comporte dix verticales dont les deux plus grandes font 33 et 30 m sans compter quelques beaux paysages et quelques belles falaises. Nous rejoignons la rivière de Cala Luna après 4 h de descente tranquille (photos et films). Retour au camping-car. Nous laissons Anne-Claire et Josiane à l’intersection puis cherchons la Kangoo. Nous laissons une nouvelle fois le camping-car au-dessus de Urzulei et refaisons quelques courses tout en nous faisant indiquer une pizzeria à 5 km. Nous sommes les seuls clients et nous dînons vers 20 h auprès d'un poêle suffocant. Puis nous retournons au début de la route de Cala Luna pour dormir. Il pleut ! Les Lips montent rapidement la tente alors que nous garons le camping-car un peu plus loin, à l'abri de la route. Le vent se lève et souffle en tempête une bonne partie de la nuit. Mais la pluie s’arrête.
Mercredi 24 février - Le vent se calme vers 6 h du matin. Nous nous levons vers 7 h 30 et prenons le petit déjeuner. Le ciel bleu fait rapidement place à des nuages menaçants. Nous partons pour aller au départ du canyon d’Orbisi. La piste, de 9 km, passe sur un plateau de lande puis descend dans une forêt de chênes. Le temps se couvre de plus en plus et la forêt, noire, paraît sinistre. Nous laissons le camping-car à deux kilomètres du but et continuons avec la Kangoo. Nous arrivons au terminus de la piste… sous la pluie. Le moral en prend un coup. Nous hésitons longuement, attendons en vain une éclaircie et vers 11 h, décidons de reporter la descente.
Le Kangoo peine à remonter la pente raide, pavée et mouillée par la pluie. Bernard s’y prend à deux fois et ça se termine à la poussette (ce n’est que la deuxième fois d’une assez longue série).
Nous revenons sur la route en laissant le camping-car sur place et cherchons la grotte à partir des coordonnées GPS mais sans carte précise. Nous tentons une approche par le sud et empruntons des pistes peu roulantes. Bernard finit une fois de plus par patiner sur une piste remontante et pierreuse… qu’il lui faut redescendre longuement en marche arrière. Finalement nous essayons par le nord (par la piste d’accès à Bacu Esone) et trouvons sans difficulté la perte et l’entrée de la cavité. Nous cassons la croûte dans le froid et le crachin et quittons la voiture vers 15 h pour une petite visite sous terre.
Je bloque dans la première étroiture, juste après l'entrée. Anne-Claire, Josiane et Bernard continuent dans des galeries d’abord étroite. Un P20, seule verticale à équiper, les amènent dans la rivière. Le paysage souterrain devient magnifique. Bernard prend pas mal de photos. Mais, vers 18 h, avant d’arriver dans les grandes salles, ils décident de faire demi-tour, afin de ne pas me faire patienter trop longtemps. Ils ressortent vers 19 h 30 (TPST : 4 h) et me retrouvent à la voiture. Ils se changent et nous revenons à Urzulei pour faire le plein (à une station automatique qui refuse la carte bleue… mais avec une pompe qui se met en marche dès qu’on prend le tuyau verseur : nous reviendrons payer demain).
Nous retournons manger une pizza dans le même restaurant que la veille. Il est 22 h passé quand nous quittons le restaurant. Il ne nous reste plus qu’à retourner au camping-car (une bonne heure dont 40 min de piste la nuit) et à monter la tente. Nous nous couchons vers 23 h 15 avec un beau ciel étoilé en espérant avoir le beau temps demain.
Jeudi 25 février - Grasse matinée jusque vers 8 h 30. Il fait grand beau. Nous prenons tranquillement le petit déjeuner puis nous nous préparons à faire le canyon d’Orbisi.
Vendredi 26 février - Nous nous levons à 7 h pour partir rapidement. Comme nous roulons moins vite que les Lips, nous partons quelques minutes avant eux ... Pour les attendre dix bonnes minutes au col. Nous apprenons lorsqu'ils nous rejoignent que la batterie de la Kangoo était à plat et qu'ils ont dû pousser un peu la voiture pour pouvoir la démarrer dans un petit chemin en pente.
Nous retournons à Urzulei pour quelques courses et pour payer l’essence que nous avions prise gratuitement hier soir. Enfin nous prenons la direction de Baunei. Une piste bien roulante nous amène au départ de canyon de « Bacu Padente ». Josiane décide de rester à la voiture... et continue de corriger l’Echo des Vulcains.
Nous reprenons la voiture de nuit, finissons par traverser Lanusei et nous trouvons un endroit plat pour nous poser au début d’une belle vallée suspendue vers 1200 m d’altitude. Un vent très froid incite les Lips à monter la tente le plus rapidement possible.
Samedi 27 février - La neige n’est pas très loin mais le vent s’est calmé. Petit déjeuner dehors et nous repartons tranquillement vers 8 h 30. La vallée suspendue est très belle. Nous passons près de Nuoro puis continuons en direction d’Olbia. Nous quittons la route vers Straulas pour chercher le canyon de Pitrisconi.
Bernard n'est plus très motivé et finit par décider de rester avec Josiane. Après quelques hésitations, Anne-Claire et moi nous engageons seuls dans le petit canyon vers 13 h. Il est formé dans un terrain granitique et présente quelques petites verticales et surtout de belles vasques d’eau claire où il faut nager.
Vers 16 h, après 3 h de descente, nous entendons la voix de Bernard, venu à notre rencontre par un sentier, qui nous appelle. Nous sortons du canyon et le rejoignons pour regagner le camping-car une demi-heure plus tard.
Nous partons vers Olbia où nous arrivons un peu en avance. Nous dînons une dernière fois dans une pizzeria (il n’y a que ça en Sardaigne) avant de retourner au port où nous embarquons vers 19 h. Bonne douche (la première depuis notre arrivée) et excellente nuit.
Dimanche 28 février - Réveil à 6 h… et lever vers 7 h. Nous débarquons vers 7 h 45 et reprenons la direction de la France. Après un petit déjeuner pris ensemble dans le camping-car, nous nous séparons. Le temps est gris puis pluvieux. Nous montons vers le tunnel de Fréjus sous une belle tempête de neige ...
La neige s’est calmée et nous arrivons presque avec le beau temps à Lyon vers 15 h 30. Les actualités du soir font état d’une tempête destructrice sur l’Atlantique…
Bernard et Boris
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