dimanche 31 août 2008

Les canyons d'Italie centrale


Du 16 au 25 août 2008


Participants : Stéphane Côté (Marseille), Emmanuelle Fleck, Patrick Chollot (Haute-Marne), Anne-Claire et Boris Sargos (Vulcains)

Destination de choix pour la culture et la gastronomie, l'Italie est également le paradis du canyoning. Après avoir écumé quasiment toute l'Italie du Nord (val d'Aoste, val d'Ossola, Lombardie, Frioul et Ligurie), il fallait voir ce que proposait le reste du pays. L'occasion nous fût présentée par Stéphane Côté, qui souhaitait "tester" le deuxième tome de son célèbre ouvrage "Le tour de l'Europe en Canyon" avant sa parution cet automne.

Les canyons de l'Italie Centrale appartiennent aux massifs des Abruzzes et des Marches, eux-mêmes situés à mi-chemin entre Pescara et Rome. Malgré leur faible altitude (1700 m pour le plus haut), ces canyons sont déjà de type alpin, alimentés par des glaciers (donc secs en été mais creusés par des redoutables crues au printemps) au faciès détritique (roche instable avec de nombreux éboulis).

Samedi 23 août : départ de Lyon en camping-car. Passage par le tunnel du fréjus et arrivée au parking aval du premier canyon à 23h.

Dimanche 24 août : descente du canyon Inferno del Gran Sasso. Le départ du canyon se fait au niveau d'un col sur le superbe et historique plateau de l'Imperatore. Suit une marche d'approche aérienne dominant toutes les plaines jusqu'à la mer. On est au canyon au bout d'une heure et demi. La descente se fait à sec. On y distingue la première partie, encaissée et sculptée dans de belles parois (abritant par ailleurs encore un névé), et la deuxième, moins jolie mais plus verticale qui s'achève par deux cascades de 65m et 80m. Le retour se fait péniblement dans le lit du ruisseau où plusieurs crues ont totalement défiguré le paysage ... et le passage. La descente aura duré deux heures et demi et le retour une heure.
Nous remontons les voitures et préparons un bivouac sur le plateau, un peu plus à l'est.


Lundi 25 août : Stéphane ayant décidé de partir dans un canyon "aventure" (dénommé Infernata), Anne-Claire et moi, décidons de visiter Rome. Nous quittons notre magnifique bivouac vers 8h et prenons l'autoroute pour Rome. Une heure et demi suffit pour atteindre le coeur de la capitale, mais une bonne heure n'aura pas été de trop pour trouver une place pour le camping-car ! Finalement, une ruelle isolée longeant le Tibre fera l'affaire. Nous y laissons le camping-car et partons à l'assaut des monstrueuses queues de la basilique Saint-Pierre, sa coupole, puis le musée du Vatican.
Il est 17h quand nous ressortons émerveillés par tant de beautés et nous dirigeons, via le métro, vers le Colisée. La visite est brève, car il n'y a pas grand chose à voir. Nous décidons d'enchaîner sur la Rome antique avec ses forums. Hélas, il est 19h et les visites viennent de se terminer. Tant pis, nous optons pour une visite en bus de la ville. Manque de pot, nous nous trompons dans le sens de la ligne, et nous retrouvons au terminus, à l'autre bout de la ville. Bien évidemment, vu qu'il est 19h30, le dernier bus qui aurait pu nous ramener en ville est parti depuis longtemps. Donc, nous refaisons tout le chemin à pieds, puis en métro. Nous retrouvons finalement avec grand soulagement (on nous avait dit qu'il fallait se méfier des cambriolages à Rome) notre camping-car vers 21h. Mais à peine rentrés à l'intérieur, on constate que celui-ci a été visité. Un rapide coup d'oeil nous rassure sur l'étendue du crime : seul l'ordinateur portable a été pris, et le camion n'a pas été endommagé. Du travail de pro, donc. Nous pouvons donc repartir pour nos montagnes. Nous rejoindrons les autres (déjà endormis) au bivouac vers minuit.

Mardi 26 août : à notre réveil, un petit mot de Stéphane délicatement posé sur le pare-brise du camion nous indique qu'ils sont partis faire Infernata qu'ils auraient du faire la veille (et qu'ils n'ont finalement pas fait). Nous nous retrouvons donc Anne-Claire et moi. Peu enclins à canyoner à deux, nous décidons plutôt d'aller nous promener près du canyon de Salinello, qui passe en bas de ruines du Castel Monfrino. Cette escapade nous prendra la journée. Sur la route du retour, nous nous arrêtons à Teramo afin d'accéder à Internet et modifier les codes d'accès à nos comptes bancaires, suite au vol du portable. A ce moment, Stéphane nous appelle en nous demandant d'aller le chercher en bas de son canyon, car il a laissé les clefs de la navette au départ du canyon ! Nous voilà repartis Anne-Claire et moi pour trois heures de route. Nous passons donc par Castelli, puis de nouveau le plateau de l'Imperatore, puis encore Castelli, où nous bivouaquons après avoir dégusté quelques bonnes pizzas.

Mercredi 27 août : c'est le grand jour, celui du plus beau canyon de la région : torrente Avello. Nous arrivons au site après deux heures de route. On fait la navette, puis la marche d'approche (1h15) qui surplombe le canyon tout du long et nous voilà au départ de canyon mythique. Et là, grosse déception : il est sec, et c'est carrément moche. Mais on continue. Finalement, une résurgence nous apporte un peu d'eau, puis la gorge s'encaisse à l'occasion d'une C25. A partir de là, et pendant plus d'une heure, le canyon ne cessera de nous éblouir, avec des parois éloignées d'au maximum un mètre, et hautes de plus d'une centaine de mètres. Il y fait sombre. Très sombre, au point de devoir chercher les amarrages un bon moment avant de les trouver. La roche est d'un blanc "virginal", et l'eau si transparente que l'on s'est demandé s'il y en avait ...
Puis la gorge s'évase. Un court instant. Le temps de voir que le ciel est rempli de nuages. Puis on s'engouffre dans la deuxième partie. Tout aussi belle que la première, mais sans eau. Tant pis, c'est tellement beau ...
Le retour aux voitures est immédiat, et un bivouac est préparé sur place. Patrick lance un barbecue. L'odeur du charbon ardent commence à mettre les papilles en alerte quand les premières gouttes de pluie viennent nous prévenir qu'il vaut mieux ranger les affaires. La soirée se passera donc sous une tente improvisée, tendue entre deux kangoos. Mais le talent de Patrick au barbecue aura eu cure de la pluie, et nous aurons quand même eu nos saucisses.

Jeudi 28 août : c'est la journée grand canyon. Stéphane nous avait concocté un 1122 mètres de dénivellée, à faire en deux jours : Serviera. On commence la marche d'approche très tôt (7h30, je vous laisse imaginer l'heure du réveil ...). Plus de trois heures en plain cagnard auront été nécessaires pour atteindre le départ du canyon. Sec, bien sûr. On grignote un peu (merci à Manu(e) pour le chocolat réparateur) et on vide les dernières bouteilles d'eau (on voit des résurgences couler en bas qui pourront remplir nos gourdes). Il est 11h30. les nuages s'amoncellent au-dessus de nous. On fait un petit point météo avant de s'engager. Ca n'a pas l'air trop méchant, la végétation est dense et le bassin versant n'est pas énorme. On décide donc de s'engager. On tire la corde du dernier rappel et c'est parti ... Le canyon fait près de six kilomètres de long et est donné en treize heures par les italiens.
Il y aura beaucoup de marche, de blocs et de ressauts. Plus de cinquante rappels à équiper. Le ryhtme de l'équipe a été soutenu, insufflé par Patrick. Finalement, nous arriverons en bas du canyon au bout de 5h30 de descente, sous une forte pluie accompagnée de bons coups de tonnerre.
Il ne nous reste plus qu'à nous changer (sous la pluie, quel délice), à acheter des pâtes à l'usine juste en-dessous, et à prendre la route pour notre prochain et dernier canyon. Nous ferons une halte au magnifique village d'Ascoli, où nous aurons l'occasion de déguster de délicieuses spécialités locales. Nous rejoindrons assez tard le massif de la Majella, plus au Nord.

Vendredi 29 août : comme d'habitude, lever de bonne heure pour aborder une marche d'approche plutôt longue : celle de Fosso del Vene. Le début de la marche est très joli. On y longe le collecteur de la vallée qui offre de courts et beaux encaissements, que de nombreux touristes viendront voir dans la journée. La suite est plus physique et aérienne. Mais, au bout de trois heures et demi de marche, on arrive au canyon. Comme il se doit, celui est sec. Il le restera d'ailleurs toute la descente. Finalement, le beau canyon que Stéphane nous avait décrit est une bouse. On y évolue entre blocs et troncs, avec un équipement douteux. Heureusement, ce canyon n'est pas bien long. Après trois heures de déception, nous retrouvons le chemin d'approche qui nous ramènera aux voitures.
C'est la fin du séjour. Stéphane reste encore une journée sur place. Emmanuelle et Patrick feront un bout de route avec nous. Nous nous séparerons à Fano, après un dernier succulent repas sur la place principale de la ville, située au bord de la mer Adriatique.
Nous gagnerons nos pénates le lendemain, dans l'après-midi.








Boris

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