mercredi 18 novembre 2009

Trümmelbach ist bach




Après notre descente extrême de Trümmelbach en février, Stéphane, Manu, Anne-Claire et moi nous étions jurés de revenir à Lauterbrunnen pour refaire cet extraordinaire canyon, en conditions "normales" cette fois-ci. La période de la Toussaint avait été avancée et réservée de longue date à cet effet.
Ces derniers jours, la chance a été de notre côté. Les conditions en Suisse Centrale sont optimales pour le canyon. Il n'a pas plu (ou peu) depuis plusieurs semaines et les canyons ne sont pas en glace et ne sont pas enneigés. Et malgré des températures élevées pour la saison, les niveaux d'eau sont bas. L'inconnue est tout-de-même de savoir s'ils sont assez bas pour permettre la descente. N'oublions pas que Trümmelbach en été coule à plus de vingt mètres cube par seconde !
Le mardi 27 octobre, Manu réserve le gîte. Le programme est à définir parmi Turnigla, Zanaibach, Chollbach, Trümmelbach, Rosenlauischlucht et Radeinbach. Que du majeur !

Le jeudi 29 octobre à 18h, Anne-Claire et moi préparons nos affaires, quand le téléphone sonne : Yves est des nôtres pour le week-end. Nous le rejoignons à Annemasse à 21h où il laisse sa voiture (en bas de chez Laurence). Puis nous traversons toute la Suisse pour retrouver Manu et Stéphane endormis au gîte à 3h, près de Chur. Il gèle dehors, et le gîte n'est pas chauffé. Nous nous couchons vite fait, car demain le départ se fera tôt.

Vendredi 30 : réveil à 7h30 dans le froid. Après une courte nuit, gros petit déjeuner chez nos hôtes. Puis départ pour Turnigla, considéré par certains comme le plus beau canyon d'Europe. Nous y sommes en une demi-heure de voiture. Il fait beau et nous nous préparons au soleil. Une marche de vingt minutes nous emmène à la passerelle de départ. Le débit est parfait (50 litres/s). La descente s'annonce bien.
C'est effectivement le cas car s'ensuivent quatre heures de délectation, en particulier dans la première partie, magnifique. La deuxième, située après un barrage, est moins intéressante, du fait d'un débit moindre, mais les couleurs sont encore plus belles et certains passages sont d'une grande beauté. Nous sommes dehors, au soleil pour nous changer vers 15h. Puis nous rentrons au gîte mettre des bûches dans les poêles ...

Samedi 31 : réveil à 7h30. Encore un gros petit déjeuner. Nous rangeons les affaires dans les voitures et partons, avec du retard, vers Zanaibach. Il nous faut une heure de route pour nous rendre sur place (près de Saint-Gal). Le ciel se voile, et il fait frais. Notre motivation n'en étant aucunement affectée, nous commençons la marche vers 10h30. Celle-ci, qui remonte le canyon, nous fait voir plusieurs affluents dont le débit nous inquiète. Au départ du canyon, celui-ci coule à près de 70l/s, ce qui ramène le débit après le premier affluent à plus de 100 l/s. Nous hésitons à nous engager (surtout moi, qui propose de renoncer). Nous descendons cependant les deux premières cascades. Le débit ne pose aucun problème, mais pour on ne sait quelle raison, nous traînons. La troisième cascade n'est pas équipée. Nous craignons que des points aient sauté récemment. Ça semble toutefois passer en désescalade, mais c'est délicat. Nous n'avons pas pris le perfo avec nous, et le fait d'imaginer que d'autres cascades pourraient aussi ne plus être équipées nous fait réfléchir. Il est tard (midi passé), le débit est conséquent et le canyon semble être insuffisamment équipé. Nous décidons donc de sortir. Stéphane escalade avec brio la paroi glissante et nous pose une corde en fixe. Nous sortons tous du canyon en moins d'une heure.
Nous prenons la route avec amertume vers Trümmelbach, où notre ami italien Pascal nous attend pour une soirée Pizzocheri. Le soir, après une reconnaissance en bas du canyon (le débit semble au poil), nous mangeons plus que de raison la spécialité de notre ami. Grazie mille à notre cuisinier de la Valtellina !

Dimanche 1 : réveil à 6h30. Cette fois, le gîte était chauffé et nos affaires ont pu sécher durant la nuit. La journée s'annonce bien. Seul bémol : le petit déjeuner se fait avec l'odeur de chou bouilli (cuisine coréenne). C'est assez difficile à supporter le matin à jeûn, mais comme il faut prendre des forces pour la journée qui nous attend ...
Nous partons sous un beau ciel bleu, en contradiction avec ce qu'avait annoncé la météo (ça rappelle notre bonne Météo France). Une heure de marche raide nous mène au pont qui enjambe cet inquiétant ruisseau. De là, l'eau apparemment calme se jette soudainement dans une abîme en une folle cascade pour disparaître dans un méandre totalement obscur. Le ton est donné. Trümmelbach nous tend les bras, pour notre plus grand plaisir. Trois heures d'une intensité euphorique nous tiennent en haleine dans une incroyable faille en grande partie privée de lumière (frontale absolument obligatoire). Trois heures d'une ambiance unique, où le vacarme assourdissant de l'eau et l'obscurité la plus complète nous transportent dans un autre univers. Rarement un canyon nous a offert une telle émotion. Difficile de faire mieux. Mais déjà, sur le parking aval, nous lâchons quelques noms comme Gamchi ou Grieschluct, certainement nos prochaines aventures ...

Le retour sur Lyon - via Annemasse - se fait la tête dans les nuages jusqu'à 20h, où le quotidien reprend ses droits.

Boris

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